Rater cette soirée aurait été d’une absolue maladresse. Digérer mon absence à la Machine du Moulin Rouge en ce doux soir de mars aurait été bien difficile. L’affiche était plus qu’alléchante. Telle une passation de pouvoir entre l’old school, fièrement représentée par la fratrie Lino/Calbo (Ärsenik) ou le trio des Sages Poètes de la Rue (Dany Dan, Zoxea, Melopheelo), et les nouveaux kickeurs, porteurs de la nouvelle vague (Vald, la Mafia Zeutrei ou les éternels Casseurs Flowteurs), le concert s’annonçait sous les meilleurs auspices. Et, comme on pouvait s’y attendre, on n’a pas été déçu, loin de là. Canal Street ou les tribulations rapologiques d’un passionné.
Sans faire la queue, file des invités oblige (quelle jubilation), j’arrive dans la Machine à 20:51. Le groupe de House Dance et Hip Hop Freestyle, O’Trip House, envoie une petite danse de 10 minutes pour nous faire patienter. Mais bientôt arrive le chauffeur de salle qui nous annonce que l’arrivée de la Mafia Zeutrei (MZ) est éminente. Avec plus d’énergie qu’un rail d’Ovomaltine, les membres du gang débarquent sur scène un à un pour entamer leur set. Directement s’enchaînent les pogos, les mains en l’air en forme de flingues, les backeurs dans la foule et les groupies vêtues de sweat à l’effigie du squad composé de Jok’Air, Dehmo, Hache-P et Rod’k. L’interprétation de Bratatata et Bang Bang Flow met le feu à la salle, les bruits de mitraillettes cinglants du refrain couvrant les voix des kickeurs qui font le taff plus que proprement. La foule en délire, les rappeurs au top de leur forme : tout de suite on sait que leurs succéder sera difficile. Poulains des Sages Po’, la MZ leur rend hommage en les faisant venir sur scène. Zoxea et son crâne rasé, Dany Dan et son mètre 95 et Melopheelo débarquent sur scène pour accompagner, le temps d’un morceau, leurs recrues.
Peut-être un des seuls points négatifs de la soirée: les Sages Po n’ont foulé l’estrade que le temps d’un morceau, beaucoup trop court pour pouvoir les apprécier pleinement. Mais la majorité de auditeurs étant là pour la MZ, la quasi-absence des Sages n’a donc pas été choquante. Pendant l’interprétation de leur morceau Fumer, Tizer, Baiser, j’ai un moment d’égarement et détourne les yeux. En les remontant vers la scène, une ado vêtue d’un sweat MZ (le gris avec la kalash dans le logo) est assise sur une chaise pendant que Jok’Air (je crois bien que c’était lui) lui tourne autour en chantant. À la fin de la chanson, qui clôture leur show, un peu contre son gré, elle est emportée dans les loges par la petite porte réservée aux artistes. Personne ne sait ce qu’il s’est passé après, mais nous comptons sur la maturité et la lucidité du rappeur. Ainsi, la MZ s’éclipse après 35 minutes de présence scénique plus que réussie. Joeystarr a lancé Sniper, espérons que la MZ ait la même carrière florissante sous l’œil vigilant des Sages Poètes de la Rue.
Le chauffeur de foule, légèrement relou, revient à l’attaque et nous lance: « si je vous dis tsh tsh, vous pensez quoi?« . On réclame tous Lino en chœur, mais c’est Vald qui fait son apparition, avec comme défi de remettre la foule dans son état pré-MZ. Malgré l’ampleur de la tâche après l’expérience énergique du quatuor, Sullyvan relève le challenge. Il commence par Donkey Punch, puis nous lâche le couplet si romantique de Tu sais c’qui s’passe, sur la tape Nouveau Souffle de Georgio (il commence par Suce-moi, scandé avec beaucoup de hargne), envoie CQFD, lâche Smiley et interprète Shoote un Ministre, cette ode aux membres du gouvernement, qu’il semble aduler. Son show est parsemé de quelques refrains d’Autiste, qui chauffent énormément la foule de par son côté pogo/bousculade, sans jamais chanter la chanson en entière, de quoi entretenir les spectateurs qui ne réclament que ça. Le temps passe, la weed s’effrite, les joints se roulent, les chansons sont backées, et le geôlier de NQNT clôt son set sur l’interprétation totale d’Autiste, avec son refrain entêtant: J’baise le monde comme un autiste !. Essai transformé pour le rappeur d’Aulnay-Sous qui nous a bien confirmé que son projet NQNT allait sortir, oui, mais on ne sait toujours pas quand: #FreeNQNT ! L’homme au pull unique remet ses Ray-Ban et s’en va après avoir fait un taff propre et carré.
Nouvel interlude, nouveau mini-one man show raté du chauffeur. Il a néanmoins la bonne idée de faire venir 3 mecs tirés au hasard (l’étaient-ils vraiment?) dans la foule pour lâcher un petit 16 chacun, tandis que le duo Ärsenik se prépare derrière. Les bougs font leur entrée spectaculaire sur la scène et viennent défendre des morceaux légendaires tels que Sexe, pouvoirs et biftons, Boxe avec les mots (qui crée un véritable mouvement de foule), et d’autres, dont un tiré de Paradis Assassiné, le solo de l’homme aux tsh tsh. Malheureusement, à ce moment là, la fatigue commençait déjà à se faire sentir auprès des auditeurs après les passages dynamiques de la MZ et de Vald. L’enthousiasme était moins au RDV qu’une heure auparavant, et l’ambiance moins vive. Mais peu importe, Lino et Calbo se sont lancés dans leur live avec la hargne et la fougue qui les caractérisent depuis leurs débuts et ont livré un vrai exemple de jeu scénique. Ils ont défendu ardemment leur 1er opus, qui n’a pas pris une ride 16 piges après sa sortie. Selon moi, c’était les plus chauds de la soirée, et les voir était un vrai régal.
L’émérite DJ Pone, prend le relais pour un set électro. Le DJ de Birdy Nam Nam nous offre une vraie démonstration d’agilité, de dextérité et de virtuosité, maniant parfaitement les platines. Après 15 minutes de set retentissent les alarmes étourdissantes de la prod de 20h13 – La nouvelle paire, chanson des Casseurs Flowteurs. Débarquent alors Orelsan et Gringe venus pour 7 minutes de show. Au programme: Le début de 20h13 – La nouvelle paire, un couplet chacun pour se présenter, et 22h31 – Fais les backs. Un passage éclipse mais qui aura ravi tous les auditeurs de ce duo jouissif.
Beataucue vient clore le spectacle en nous présentant leur nouvel album, Kitsuné, pendant 30 minutes.
Au final, une soirée plus que réussie, des artistes de haut niveau, des passages impressionnants, des grands messieurs du rap français réunis pour un spectacle d’enfer. Et tout ça gratuit. Comme dirait ce cher Georges: « CanalStreet, what else?« .
Retrouvez l’intégralité du concert en cliquant ici.
Waouh comment Kekropia réagit bien à la critique ! Le mec ne s’agace même pas devant les remarques condescendantes de Groms qui apparemment a découvert le duo Orelsan et Gringe il y a 3 jours… Bravo pour la remise en question et pour la sérénité avec lequel l’auteur encaisse les pics, des seigneurs les chroniqueurs du rapenfrance !!!
Bonjour Groms,
Tout d’abord, je souhaite préciser que je ne m’improvise ni rédacteur ni journaliste. J’aime écrire et j’aime le hip hop, tout simplement. La direction du Rap En France a accepté que j’écrive des articles pour eux, et je les en remercie. Mais jamais je n’aurai la prétention de me prononcer journaliste ou rédacteur tant que je ne serai pas reconnu comme tel dans ce milieu.
Par rapport à cet article précisément.
Je retranscris le concert tel que je l’ai vécu, et ma subjectivité quant à chacun des groupes influe nécessairement sur ce que je vais écrire: je ne connaissais pas vraiment la MZ avant de les voir sur scène (à part qques morceaux), j’adore Arsenik et Vald et, selon moi toujours, les Casseurs Flowteurs se sont imposés dans le rap bien avant leur nouvel album (ils ont déjà sorti un projet il y a quelques année, “Fantasy: Episode 1″; et la mixtape d’Orelsan “Mixtape avant l’album” était quasiment en total featuring avec Gringe, voilà pourquoi je les qualifie d’”éternels”). Le fait que je ne connaisse pas la MZ explique pourquoi je me suis trompé entre Dehmo et Jok’Air.
Je tiens aussi à préciser que, loin de m’inventer un style, je m’en cherche un.
En effet, on m’a souvent reproché de chercher trop de qualificatifs, d’utiliser des formules trop lourdes, et de privilégier une forme pesante à un fond intéressant. Je suis donc d’accord avec toi sur ce point là. Je travaille actuellement sur mon style pour le rendre plus fluide et moins lourd. Pour ma gouverne, je tiens à préciser que c’est le premier Live Report que je rédige, et je m’y suis surement mal pris au niveau du fond.
Malgré ce commentaire un peu vexant, admettons le, je te remercie de me montrer les points négatifs, et ce que je dois corriger. Je m’occuperai de corriger ces quelques défauts pour mon prochaine Live Report.
Kekropia
P.S: je t’invite aussi à lire les deux autres chroniques que j’ai rédigée, l’une sur Swift Guad, l’autre sur Senamo, et de me faire part de ton ressenti.
De nos jours, tout le monde s’improvise rédacteur/journaliste…
Déjà que sur le fond ça manque carrément de recul et ça n’apporte rien (sans compter les erreurs et les approximations, Jok’air et pas Dehmo, Beataucue et pas Beatsauce), mais sur la forme c’est un supplice… Maladroit et plein de fautes.
Exemples sur le premier paragraphe :
– Rater cette soirée aurait été d’une absolue maladresse ? ça ne veut rien dire… je vois pas en quoi c’est maladroit de rater une soirée…
– Digérer mon absence à la Machine du Moulin Rouge en ce doux soir de mars aurait été bien difficile. ? Digérer mon absence ? non mais sérieux…
– « les éternels » Casseurs Flowteurs ? Ce groupe vient tout juste de sortir un album, je vois pas en quoi ils sont éternels
Les mots ont un sens, écrire un article c’est pas juste trouver des formules qui font bien. Pas la peine de s’inventer un style…
Sur le fond :
Ce que tu aurais pu dire sur le concert de la MZ par exemple, c’est que malgré la grosse ambiance dans la fosse, Jok’Air a foiré son premier morceau parce qu’il tenait mal son micro et que le son était merdique, saturé à fond. Vald a bénéficié d’un meilleur réglage d’ailleurs. A propos de lui, le choix des morceaux était ptet pas le meilleur comparé à la MZ. Et son pote qui arrive en jogging sweat comme un clochard, c’était pas non plus un choix judicieux.
La où ton article redevient normal sur le fond et la forme, c’est sur ton avis sur Lino et Calbo. Je te rejoins là-dessus, ils ont assuré.
Aller bon courage pour le prochain !
Non en effet, je ne les connais pas, d’où mon aparté « je crois bien qu c’etait lui »
Je corrige tout de suite, merci d’avoir signalé la faute !
C’est JOK’AIR qui tourne autour de la meuf les gars, ça se voit vous les connaissez pas pour confondre comme ça, abusé !!