Chroniques

[Live Report] Festival Origines Contrôlées : Foyone – Lacraps – Lino

Crédit photo : 6LU ©

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Ce mois d’octobre à Toulouse se déroule la 13è édition du festival Origines Contrôlées organisé par Tactikollectif à La Bourse du Travail et aux Izards, un quartier nord de la ville. Dans le climat social et politique actuel où les identités sont de plus en plus clivées et où la diabolisation de ce qui est différent ne cesse de gagner du terrain, un tel festival est nécessaire pour réunir les mixités quand tout tend à nous opposer.

C’est à travers des débats, des expositions, des spectacles, des projections et des concerts que le thème de l’identité et de la créolisation de la société sera questionné. Pendant 6 jours le festival Origines Contrôlées fait la démonstration concrète d’un vivre ensemble idéal rendu ici possible.

Parce que le rap reflète cette créolisation de la société française, 2 soirées du festival étaient consacrées à des concerts hip-hop. Le Rap En France était le samedi 8 octobre à la Bourse Du Travail pour le concert de Foyone, Lacraps et Lino. Il était impossible de ne pas en parler…

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Avec un public éclectique à l’image du festival, la Bourse du Travail a fait salle comble ce samedi dans l’espace aménagé pour accueillir des concerts. En première partie de soirée c’est le rappeur espagnol Foyone qui a ouvert la première soirée rap de ce festival. Connu pour ses RapSinCorte, autrement dit rap sans pause ou freestyle, Foyone originaire d’Andalousie chante une culture populaire proche de la nature et des traditions qui lui sont chères. Pour ceux qui souhaiteraient découvrir ce rappeur espagnol nous vous invitons à lire l’interview de nos collègues du Bon Son ici.

La salle de spectacle de la Bourse du Travail aménagée avec des conditions sonores plus qu’acceptable pour un lieu avant tout syndical a accueilli le montpelliérain Lacraps et ses deux acolytes dont Melis pour les backs. Le public scandant « Lacraps-enfoiré » en cœur avec le MC fraîchement arrivé sur scène a réservé un accueil bouillant aux membres du label LaClassic. Malgré une fatigue apparente à son arrivée, Lacraps a tenu au chaud un public conquis d’avance. On peut même dire que le public toulousain a tant communiqué son enthousiasme que le MC s’en est trouvé galvanisé après quelques morceaux. C’est la veine du cou gonflée que Lacraps a maîtrisé son concert, laissant la place à ses backers, relançant son DJ pour qu’il enchaîne et gérant son image scénique avec des requêtes répétées à la régie lumière qui s’exécutait.

Devant la scène et au centre, le public bras en l’air s’est transformé en pogo pour le grand malheur des quelques uns qui n’avaient pas prévu de rentrer chez eux imbibés de bière. Dans cette petite salle remplie l’ambiance était intime et l’esprit hip-hop palpable. Et si le public a réservé un accueil de fournaise à Lacraps, ce dernier a rendu le change en insistant pour remercier ceux venus le voir. Les générosités réciproques dans un esprit donnant-donnant, Lacraps a quitté la scène surchauffée en proposant une rencontre avec ceux qui le désiraient. Même si la démarche est courant dans le rap, on apprécie toujours l’attitude…

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Au programme de cette dernière partie de soirée on attendait Lino. Dj Noise seul sur scène a d’abord balancé un medley ultra speed du MC, rythmé par des scratchs pour annoncer la venue de celui qu’on pensait voir seul. Mais c’est Ärsenik qui a fait la surprise de prendre d’assault la scène de la Bourse du Travail avec Calbo et T.Killa aux côté de Lino. Si les chansons interprétées étaient majoritairement celles de Lino, les trois MC portaient tous néanmoins l’étendard du groupe mythique sur leur tee-shirt, une façon pour la tête d’affiche de la soirée de rappeler d’où il vient.

Le trio accueilli par un public toulousain qui a encore tenu sa réputation en terme de thermomètre, a fait la démonstration de son aisance scénique avec un set ultra maîtrisé et sans hésitation. L’ambiance était au pogo, au slam, aux mains en l’air et aux odeurs de bédo. Devant la scène, une foule compacte et dissimulée par une dense fumée s’est laissée emporter par les harangues de Lino invitant tout le monde à sauter. L’onde d’excitation s’est vite propagée et jusqu’au fond de la salle les chemises à carreaux, les survêtements, les AirMax et les DocMartens ont sauté ensemble dans une chaleur étouffante. Si le public était éclectique, l’engouement était homogène, et le festival Origines Contrôlées peut être fier de rassembler les différences pour un métissage des spectateurs autour de cette programmation de choix.

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À proposAna Ravat

Je suis nulle en solfège, j'ai aucun talent musical, j'écoute beaucoup de rap sans jamais acheter un CD et quand je vais en concert c'est que j'ai un plan pour des places gratos. Face à l'inconfort psychologique et à l'immoralité d'une telle situation j'ai décidé de réduire les tensions névrotiques inhérentes à ceux qui prennent sans jamais donner. Me voici, me voilà, profitez-en!

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