Live report

[Live report] Le TSR Crew et Melan à Toulouse !

Replaçons-nous dans le contexte : Toulouse, décembre, restaurant La Taverne. Passage du légendaire TSR Crew, organisé par une association inconnue au bataillon, qui plus est dans un endroit très peu enclin à ce genre de manifestation. Capacité du restaurant estimée à 450 personnes grand maximum. On se pointe un peu avant le début du concert, et au moins 600 personnes sont déjà là, juste après l’ouverture des portes, une queue interminable se profile et tout le monde se demande comment va-t-on pouvoir assister au concert. Bilan de la soirée: impossible de voir le groupe tant il y avait de monde, une salle surchauffée, une ambiance intenable et un arrière goût de haine au fond de la gorge…
C’est alors qu’un ou deux mois plus tard apparaît le sacro-saint évènement, l’adulée représentation: le TSR Crew repasse à Toulouse, le dimanche 15 Mai, au Bikini, salle de concert de 1500 places ayant accueilli le S-CrewNina Kraviz, et j’en passe. Le concert étant organisé en interne par la structure indépendante du Crew (Chambre Froide Prod.), on ne pouvait qu’être sûr que ce banquet soit mémorable… Il le fut tellement qu’une semaine après, j’ai encore du mal à m’en remettre. Bilan de cette soirée au sommet.

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1ère partie: Melan & friends

Gracieusement invité par le TSR Crew, j’arrive à 20h pétantes à la salle, impatient comme jamais d’assister à ce show au Bikini. Pour les non-toulousains qui me liraient, sachez que le Bikini est une sorte de bloc perdu en plein milieu de la forêt dans le sud de la ville, possédant une des meilleures sonorisations d’Europe, dans un cadre agréable puisqu’il dispose d’une piscine, d’un bar extérieur et d’un grand espace ouvert très appréciés en période estivale. Melan, programmé en première partie, est censé commencer à 20h30, horaire qu’il ne dépassera que de 15 minutes près, quart d’heure toulousain oblige.

Épaulé par ses acolytes d’Omerta MuzikRilcy et Capdem, le boug arrive sur scène avec un tee shirt mis en foulard autour de la bouche, bloquant légèrement sa voix. Petite frayeur en se demandant si tout le concert sera comme cela, mais il s’en rend vite compte, se débarrasse de son cache-voix et réalise une heure de set absolument dingue, bénéficiant d’un public chaud comme la braise, qu’il aura su enflammer au fil de ses cris, rappés avec le cœur et les tripes qui le caractérisent. Il enchaîne dans une énergie rare les morceaux tirés de son récent album La Vingtaine : les poignants Yaya et Guitara Trista prennent vie sur scène, l’énergique Qu’estce que tu veux également,  Fath.R est invité pour jouer un unique morceau, permettant ainsi de faire la promotion de leur album commun, Bornes to loose. L’ambiance est survoltée, Melan est au sommet de sa forme.

En plein milieu du set, le DJ d’Omerta Musik, DJ Hesa, nous offre un medley de classiques du rap français, jonglant habilement entre Ärsenik, IAM et Booba, tous parcourus de scratchs aiguisés. La foule en délire back en choeur tous ces classiques qui s’enchaînent les uns après les autres. Alors que le medley prend fin, Melan s’empare du micro en criant qu’il manque un classique à la liste mixée par Hesa ! Alors que retentit la batterie cinglante de Art de Rue, c’est Don Choa en personne qui arrive sur scène, venu interpréter son couplet mythique extrait de la chanson d’ouverture du troisième opus de la Fonky Family. Le Bikini prend complètement feu, on se croirait en finale de la Coupe du Monde, une énergie indescriptible s’empare de la foule, tout le monde chante, back les paroles du rappeur toulousain dans une sorte de liesse générale. Apogée incontestable de cette première partie, Don Choa fait l’effet d’une vraie bombe venue marquer la soirée de son indiscutable charisme.

Melan reprend le micro alors pour clôturer son set en entretenant la folie qui a laissé son empreinte parmi le public. L’énergie qu’il déploie est titanesque. Il termine en jouant La Vingtaine, en nous invitant tous à aller prendre notre « pause pilon » avant d’accueillir le TSR Crew. Cette première partie seule aurait déjà valu les 12 euros du ticket d’entrée, voire plus…

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2ème partie : « Même à Paris c’est plus petit ! »

Après (seulement) 15 minutes de répit pour nous remettre de la claque précédente, c’est Omry, Hugo et Vin7 qui rentrent en scène les uns après les autres en interprétant leurs solos Sans sommation pour entamer les présentations et déclencher les festivités. Dès qu’Hugo arrive, en véritable tête de proue du groupe et presque porte étendard de toute un état d’esprit hip hop indépendant en France, le public réagit immédiatement à l’écoute de ses premiers balbutiements. Le MC eurasien enflamme alors la salle, déjà laissée sans dessus dessous après la première partie bouillante.

Les chansons s’enchaînent, les bouteilles se vident et les pilons se calcinent. Toujours dans cette même ambiance fiévreuse, Hugo qui est, qu’on le veuille ou non, l’atome principal autour duquel le TSR Crew gravite, joue son hit Point de départ. Cette chanson est véritablement backée par la foule comme un seul homme, transformant ce chef d’œuvre de la discographie d’Hugo en hymne de supporters, scandant d’une seule voix ses punchlines toutes plus rêches les unes que les autres :

« On sait plus qui est qui comme un keuf qui promène son chien ! »

Fidèles à eux-mêmes, les 3 rappeurs ne feront aucune démonstration ostentatoire de joie ou de plaisir, se contentant d’atomiser la foule par leurs chants, et leur façon qu’ils ont de chauffer une salle juste par leur prestance et leur charisme. Toujours dans leur style si incisif et leur maniement unique de la rime, ils enchaîneront les uns après les autres leurs couplets issus de Passage Flouté, malgré quelques passages obligés par leurs anciens classiques comme Jeunes du 18 (remixé en Jeunes du 31), Objectif Lune ou encore Coma artificiel, qui fut littéralement le point d’orgue de son set.

L’engouement des spectateurs s’est littéralement transmis au groupe, qui n’en revenait pas d’avoir sous les yeux un public aussi chaud. Plusieurs fois ils ont scandé leur fierté d’avoir rempli le Bikini en totale indépendance, et la force qu’ils investissaient dans leur show n’en était que décuplée. Nous avons même été gratifiés de cette magnifique apostrophe du DJ : « Même à Paris c’est plus petit ! ». Les festivités se sont achevées, après plus d’une heure de concert, par un énorme freestyle sur scène, ambiancé par les faces B du DJ. Le légendaire Don Choa est venu rapper son non moins légendaire 7h du mat’ sur scène, histoire de terminer cette soirée en beauté, Omerta Muzik nous a lâché un dernier flow, accompagnés de certains de leurs amis profitant de l’euphorie générale pour lâcher quelques couplets que l’histoire ne retiendra (mal)heureusement pas… La bière coulait à flow continu, la bonne humeur et la joie étaient inextinguibles des visages béats des artistes ayant fait vibrer la foule comme aux plus grandes heures du Parc.

Au final, ce concert fut une réussite sur tous les points, tant au niveau du timing qu’au niveau de l’ambiance, laissant loin derrière nous les noirs souvenirs de La Taverne.
On se retrouve le 11 Novembre à La Cigale pour les quelques parisiens parmi vous !

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À part la photo de couverture, toutes les photos de l’article appartiennent à Lucie Chapuis, dont vous pouvez consulter le travail en cliquant ici. La photo de couverture appartient à Virginie Rouault. 

 

À proposLeo Chaix

Grand brun ténébreux et musclé fan de Monkey D. Luffy, Kenneth Graham et Lana Del Rey, je laisse errer mon âme esseulée entre les flammes du Mordor et les tavernes de Folegandros. J'aurai voulu avoir une petite soeur, aimer le parmesan, et écrire le couplet de Flynt dans "Vieux avant l'âge". Au lieu de ça, je rédige des conneries pour un site de rap. Monde de merde.

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