Du 17 au 19 octobre, nous étions au MaMA festival à Paris. L’occasion de découvrir plein d’artistes sur scène, dans des salles historiques du nord de la capitale. Une bien belle et riche expérience qu’on vous raconte ici…
Le MaMA festival est un festival de musique qui dure trois jours au sein de Pigalle, quartier historique de la vie nocturne parisienne. Cette année, du 17 au 19 octobre, chaque soir, neufs lieux accueillaient 120 artistes (de tous genres) pour notre plus grand plaisir. Au départ un événement pour les professionnels de la musique, le MaMa Festival est désormais un rendez-vous incontournable pour les amateurs de bonne musique, qui peuvent ainsi enchaîner les concerts et les découvertes.
Les festivités ont débuté avec L’Ordre du Périph’, sur la scène de la Boule Noire, dans le cadre de la soirée des gagnants du tremplin les Inouïs du Printemps de Bourges. Assy, Youv’ Dee, Ars’n et Swan, accompagné de leur DJ Yung Cœur, ont mis le feu à la salle très rapidement, un turn-up énergique parfait pour débuter les festivités.
On file ensuite à la soirée plateau rap Québécois « Montréal arrive. On met l’accent ! », qui a pour ambition de prendre le relais de la vague belge et montrer au public français que le rap québécois ne se limite pas à Loud. Cependant, après pas mal de retard, on apprend qu’une fuite de gaz au Folie Pigalle empêche la tenue de l’evènement, qui est reporté au Rouge Pigalle et c’est bien dommage. Public difficile, scène pas très pratique et éclairage pas au top, les conditions sont défavorables aux artistes, qui arrivent quand même à sortir leur épingle du jeu. Le premier à monter sur scène, Obia le Chef, est accueilli par un public refroidi par toutes ces conditions. Le rappeur haïtien d’origine montréalaise, découvert dans les Word Up et Rap Contenders, défend malgré tout avec énergie et panache son album Soufflette. C’est ensuite au tour de Lary Kidd de venir se frotter au public parisien. Le franglais du rappeur du crew Loud Lary Ajust (qui joue à guichets fermés au Québec) explose de sa présence scénique incroyable. Sa rage et son émotion est palpable, surprenant pour un artiste de cette carrure. Après avoir rageusement jeté le mic sur le sol, il laisse sa place à Fouki et QuietMike. Le rappeur au flow rythmé fait redescendre d’un cran le public, déjà pas très chaud. Face à ce public circonspect, le rappeur parvient quand même à déployer tout son talent pour la rime entre introspection et humour, dans un mélange d’influences trap, folk, européennes, québécoise et forcément américaine. Pour clôturer ce beau plateau qui méritait mieux, c’est Rymz qui prend le mic. Etoile du rap québécois, l’artiste ambiance la salle avec une énergie déconcertante qui démontre une belle expérience de la scène. Mélodique et percutant, c’est un joli point final à cette soirée organisé par 7ième ciel records, Coyote Records et Joyride records.
Avec ce programme, nous n’avons pas pu voir 47ter à la Machine du Moulin Rouge. Cependant, nos espions nous ont rapportés que, le groupe qui a fait le buzz avec la série « On vient gâcher tes classiques », a su confirmer le buzz avec un show énergique et décalé, bien à leur image.
Le jeudi 18 octobre, Cartel Concert, producteur de shows basé à Paris dans le 20e, réunit Spider Zed et Fixpen Sill pour un début de soirée prometteur. On était dubitatifs quand à la capacité de Spider Zed à livrer un show fidèle à sa nonchalance et son image de jeune artiste désabusé, tout en « ambiançant » le public mais finalement, il est à la hauteur, touchant et entraînant. Le duo Fixpen Sill vient réchauffer la salle de son rap technique taillé pour la scène. De vrais kickeurs sur scène pour un résultat euphorisant (en tout cas pour nous !).
Place ensuite au suisse Comme1Flocon, qui vient retourner la scène du Carmen. Le lausannois, qui soigne son image et son style avec beaucoup de talent, électrise la scène et le public de son énergie débordante, à la manière d’un Travis Scott francophone. Fougueux et audacieux, le rappeur est prêt à tout éclater…
Finalement, vendredi 19, on ne sait presque plus qui aller voir tant l’offre est pléthorique et de qualité. On se balade avec délice entre les salles dans un Pigalle vivant et vibrant. Grands fans de Gaël Faye, on se décide d’abord pour la soirée AllPoints 1 year, qui prend place à la Cigale. Le franco-rwandais ne déçoit pas et livre une prestation incroyable, aux influences variées : rap, soul, samba, rumba ou bossa nova. Un plaisir pour les oreilles, comme pour les yeux, avec un show coloré, lumineux et entraînant : une vraie réussite qui donne le sourire.
C’est ensuite au tour d’Oxmo Puccino de venir sur scène, accompagné du DJ Mr. Viktor (Orelsan, Beat Assaillant…). Avec une performance tout à fait différente, à l’image de son talent légendaire et sa nonchalance, le rappeur nous livre quelques extraits de son prochain album à paraître courant 2019.
Puis, c’est S.Pri Noir qui prend la suite avec audace et énergie. Le rappeur vient présenter avec talent ses tubes autotunés et défendre son premier album Masque Blanc sorti cette année (en référence au livre Peau noire, masques blancs, de Frantz Fanon).
On a juste le temps de filer au Bus Palladium pour voir KPoint sur scène, beaucoup plus énergique que son rap mélodique, acoustique et mélancolique pourrait le faire penser. Une très belle performance qui nous laisse éreintés.
Le show continuait le reste de la nuit, avec notamment le petit prodige Zamdane et les sets, à ce qu’il parait endiablés, de Junior à la Prod et Dany Synthé, à la Machine du Moulin Rouge. Épuisés par tant de concerts et de réjouissances (en plus des conférences passionnantes), il était temps pour nous de tirer notre révérence. Avant de nous quitter, on peut vous dire que le MaMA 2018 était une bulle musicale de qualité qui a adoucit notre mois d’octobre pas vraiment passionnant…