Chroniques Live report

[Live report] Marsatac 2017

Ce week-end à Marseille se tenait le My Deezer Festival, qui accueillait entre autres BigFlo & Oli. Nous n’y étions pas. Nous, nous étions à Marsatac, festival emblématique et culte de la cité de Phocéenne qui se tenait au Parc Chanot ces vendredi 23 et samedi 24 juin 2017. Pour vous, on est allé voir tous les concerts de rap français pour vous préparer le live report que voici.

Vendredi 23 juin :

Ce vendredi de concert et de débauche s’est révélé pour le moins riche en surprises, bonnes comme moins bonnes. Du côté des bonnes surprises : Demi-Portion.

Qui aurait cru que le sétois, connu pour son rap reflexif et travaillé allait enflammer la scène dès l’ouverture du festival ? On avoue que nous étions un peu perplexes. Nos doutes ont cependant été balayés par l’énergie débordante que Demi-Portion a libérée sur scène tout au long de l’heure de show qui lui était attribué. Sur le dernier morceau, l’applaudimètre du Palais Phocéen affichait même des scores supérieurs à ceux enregistrés par Gostface Killah et Raekwon l’année passée. Rendez-vous compte ! C’est dire si le public sudiste était venu soutenir massivement son premier champion, accompagné de son acolyte marseillais, Meteke.

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Autres Marseillais, autres surprises : le concert très attendu de la Fonky Family. Il y avait pratiquement une dizaine d’année que le plus légendaire des collectifs marseillais (désolé IAM !) n’avait pas donné de performance live. On ne va pas se mentir, l’immense majorité des festivaliers étaient venus spécialement pour assister à l’évènement. Dans la gigantesque enceinte du Grand Palais, le main stage de cette édition de Marsatac, chaque centimètre carré était occupé par un festivalier attendant l’arrivée du Rat Luciano, Sat, Don Choa, Menzo et Djel  (Pone et Fel n’étaient pas de la partie) dans un état de transe.

Lorsque l’escouade entre sur scène, le public s’embrase. Le show sera tonitruant du début à la fin, pour le meilleur et pour le pire. De gros problèmes de sono rendent la plupart des instrumentales inaudibles, mais le public répond présent à 100% chaque fois que l’un des MC lui tend le micro. Tous les classiques y passent, et on a pas l’impression que cela fait depuis Marginale Musique en 2006 que le groupe n’a pas joué ensemble. Au top à tous les niveaux malgré une technique défaillante, la FF achève son concert et le public sur Art 2 Rue. Ceux qui étaient là le savent, ce concert avait quelque chose d’historique, y compris pour le festival lui-même qui les accueillait en 1999 pour sa toute première édition.

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Enfin, on est obligé de vous parler d’ALLTTA, parce que nous ne voudrions pas que vous pensiez que l’on vous cache des choses. ALLTTA, si vous ne connaissez pas, est le nom du projet conjoint du célèbre 20Syl et du rappeur américain Mr. J. Medeiros. Le rapport avec le rap français ? 20Syl bien évidemment, toujours dans sa quête de la pure vibe hip-hop, et qui nous a lâché quelques bons gros couplets en français bien d’chez nous pour épauler son acolyte,  ainsi que quelques clins d’œil bien sentis à ses amis rappeurs. Alors okay, c’était pas vraiment un concert de rap français, mais franchement, si ALLTTA passe près de chez vous : allez-y, ça vaut le détour.

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Voilà qui conclut la soirée du vendredi pour le rap en français. Mais comme dit le proverbe : Quand y en a plus : y’en a encore. Et ça c’était  samedi.

Samedi 24 juin :

Programme chargé pour les rédacteurs en ce samedi 24 juin. Au programme : Les marseillais pur jus de la Guirri Mafia, Vald, Prince Waly et Bon Gamin.

On commence par les MC’s du cru : La Guirri Mafia. Quatre MC’s d’origine comorienne issu du quartier réputé être le pire de Marseille : Felix Pyat, à deux pas du port de la Joliette et du quartier d’affaire flambant neuf Euroméditerranée. Avec eux : DJ Fu et pour l’occasion Fahr, le MC de Puissance Nord, autre groupe de rap hardcore phocéen. Guirri Mafia c’est du gros son, de la grosse scansion et beaucoup d’énergie sur scène. Malheureusement pour eux, le public était relativement clairsemé. Plusieurs raisons à cela : leur programmation en début de soirée (traditionnellement les gens arrivent plus tard le deuxième soir du festival parce qu’ils sont encore torch… fatigués de la veille), une notoriété encore à bâtir, et surtout : le début du concert de Vald au milieu du leur. Nous, on est resté jusqu’au bout parce qu’ils le méritaient. On a fait la danse de la Panthère avec eux, on a chanté Ah Oui Oui Oui ! et on a jumpé pour leurs frères morts sous les balles. Un véritable esprit hip-hop, digne des cadors de la veille.

On ne peut pas en dire autant du concert de Vald, la tête d’affiche de la soirée avec Die Antwoord. Outre sa petite bravade à base de maillot du PSG (rires) dans le stade Vélodrome, on ne peut pas dire que Vald ait pris beaucoup de risque pour sa performance. Le show était propre, propret même, malgré quelques moments de bravoure. Le MC s’appuie sur une scénographie plutôt impressionnante pour remplir l’espace du main stage que sa seule personne et DJ Weedim peinent à combler. Pour le servir, un public acquis à sa cause, qui accepte volontiers de crier « Faurisson ! » lorsqu’on le lui demande, car Vald, tout comme dans le clip de Si j’arrêtais et le (mauvais ?) reportage de Tracks consacré à ce concept flou qu’est le « troll rap », préfère ne pas trop se mouiller sur ces questions. Le rappeur de Seine Saint-Denis joue son album sans faire trop d’étincelles et met en avant ses tubes chantés plutôt que ses couplets les plus sales… On sort de là un peu sur notre faim, en accélérant le pas vers le concert de Prince Waly.

En vérité, on a pas très bien compris pourquoi le festival avait booké « Prince Waly ».  Le gars vient avec Fiasko Proximo, son binôme de Big Buddha Cheez, ils jouent des sons de leur album L’Heure des Loups et de leur premier projet pour trois quart de la setlist, mais le concert est vendu par les organisateurs comme celui de Waly et pas de Big Buddha Cheez. Il y a sans doute une explication très logique à tout ceci. En attendant, le duo de Montreuil remporte l’award du concert de rap de la soirée.

Laissez nous vous dire chers lecteurs, que ces deux garçons ne lésinent pas sur les moyens. La générosité imprégnait tout le show. Scéniquement, les MC’s donnent tout. Fiasko vient au contact, occupe l’avant-scène. On sent les deux MC complices, et entre deux déclarations d’amour à Marseille, Waly lance de bonne grosses poignées de « Hell Bank Notes » de 10.000 dollars (à notre grand désarroi, ces grosses coupures destinées à Soudoyer le Maire n’étaient pas valables pour acheter de la bière aux divers bars du festival et nous avons dû payer en euros) ainsi qu’une paire de Clean Shoes. Oui oui, vous avez bien lu. Waly et Prox ont balancé une paire de Nike pointure 44 neuve, avec la boite et tout, au beau milieu du public. Si ça c’est pas un moyen de fidéliser la clientèle ! Seul regret, l’absence de participation de Loveni et Ichon, (qui pourtant passaient juste après) lors des morceaux de l’EP Junior.

 

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Et c’est d’ailleurs avec Bon Gamin que nous achèverons ce live report. Tout comme Guirri Mafia, la programmation a joué des tours au trio parisien. Face à eux, Die Antwoord remporte tous les suffrages et les contraint à jouer devant une salle aux trois quart vides. Dommage, les gens auront raté les tenues les plus décontractées du rap français (Loveni avait un look de vendeur de coke dans GTA Vice City avec sa chemise hawaïenne et Ichon était manifestement venu en pyjama) ainsi qu’une performance animale. Là encore, beaucoup de contact avec le public et d’énergie projetée dans l’avant-scène. Ichon hurle (pas ses textes, il hurle vraiment), Loveni saute dans tous les sens à l’instar du public, qui profite de l’espace dont il dispose pour se livrer à de bon gros pogos sur Fils de Pute ou Marche ou Crève.

Un bémol néanmoins : la performance de Myth Syzer. Le talentueux producteur de Bon Gamin, aux platines pour le show, n’avait pas vraiment l’air de se soucier de ses collègues rappeurs, et a poussé les caissons de basse du Palais Phocéen dans ses derniers retranchements. Peut-être était-ce la faute à la bouteille de ‘sky qu’il tenait à la main ou peut-être était-il emporté par la folie pogotesque du public face à lui ; toujours est-il que les vibrations assourdissantes dont il avait le contrôle ont considérablement nui à l’intelligibilité des couplets d’Ichon et Loveni. Peut-être aussi que Bon Gamin est en réalité un groupe d’inspiration scénique punk ayant peu de considération pour les canons habituels des performances rap et préfère délivrer des performances brut de décoffrage aux allures incontrôlées et sauvages. En même temps on ne va pas s’en plaindre, parce qu’on s’est bien amusé.

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Voilà ! C’est fini pour cette année ! On aimerait vous parler de l’exceptionnelle performance de Meute ou du fantastique live de Mr. Oizo, mais ici, c’est Le Rap en France, alors on s’arrête là. Si vous étiez aux concerts : on espère que vous les avez appréciés autant que nous. Si vous n’y étiez pas, on espère que ça vous donnera envie de faire un tour l’année prochaine ! Quoiqu’il arrive, un grand merci à l’équipe du festival, et à tous les artistes présents pour ces moments de fête ! Et n’oubliez pas de checker l’interview « Portrait Chinois » de Demi-Portion, qui paraitra dans le cours de la semaine !!  Peace !

Jacques Bonoberje

À proposJacques Bonoberje

J'ai découvert le rap français au Tegzas. Absolument.

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