« Ecoute quand je te cause, à l’instinct du quotidien / Même si ces mots qui me viennent n’ébranleront jamais la volonté des anciens / Qui pour manger et boire ont connu les cours du soir / Risqué le purgatoire de la clandestinité, de ce côté de la méditerranée.
Ma musique porte cette empreinte, qu’on le veuille ou non / Quand toute ma génération s’esquinte sur le béton / C’est toute la différence, et elle est belle la France ! / Et qui me parle de ceux qui n’ont pas eu cette chance / Entre les mains sales suffisamment tôt et déjà les rides sur la peau / Ou alors les poches vides, mais les reins solides pour tous les sales boulots. »
Ekoué – Ils nous aiment comme le feu
Les grands-pères ont l’dos voûté, détruit
Par la reconstruction des murs de l’après-guerre,
Travailleurs de l’union sociale mais citoyens proscrits,
Relégués aux périphéries par l’exclusion raciale,
Ils parlent encore de République à leurs fils en colère.
Des Flaques de samples et des écris dans la marge de sang,
La banlieue crie en marge, et marche sur ces flaques de cendres.
Une colère légitime mais désorganisée,
Récupérée par des organes de l’Elysée,
Ils ont creusé les clivages, dépolitisé l’antiracisme,
Brasier du communautarisme, élus sur des mirages,
SOS racisme, Skyrock :
Le bouclier n’est qu’un leurre pour la matraque,
Inerte, dans les griffes des fossoyeurs détraqués,
La Marche des beurs, disloquée, a couru à sa perte.
Des Flaques de samples et des écris dans la marge de sang
La banlieue crie en marge, et marche sur ces flaques de cendres.
Ils tiennent pas l’bâtiment, c’est le bâtiment qui les enchaîne,
En quarantaine la patrie manque, les gars triment, mentent,
Pour faire monter les enchères.
Pour être crédible, étouffent leurs cris dans l’illicite,
« L’État nous baise », t’es fou, il sait même pas qu’t’existe !
Dans ces territoires qu’il a mis en jachère,
Pour lui la mauvaise herbe finit toujours par Fleury.
Se conformer au rôle qu’il vous laisse
N’a rien de marginal,
Vous devenez partisans du mépris qu’on vous adresse,
Des pantins pâtissant d’un manque cruel d’idéal.