Chroniques Projets récents

[Chronique] Odezenne – Au Baccara

Odezenne fait partie de ces groupes ovni du rap, immédiatement reconnaissables à leur empreinte sonore unique et pourtant si difficile à décrire tant leur monde musical est vaste et leurs sonorités variées.

Trois années après l’excellent Doltziger Str. 2 les bordelais d’Odezenne, Alix Caillet, Jacques Cormary et Mattia Lucchini, reviennent avec un nouvel album, Au Baccara,  sorti le 12 octobre 2018. Pour l’occasion les 3 compères ont mis les petits plats dans les grands et ont décidé d’aller mixer leur nouveau bébé sur console analogique, pour un son à l’ancienne au Studio Konk (le studio des Kinks), à Londres.

Le Baccara est un jeu de carte que l’on retrouve dans les casinos, l’explication de ce choix se retrouve dans un interview donné à Paris Match « il y a ce côté n’ayons pas peur de miser. C’est un peu le jeu roi au Casino, où tu peux miser soit contre la banque soit pour toi, et miser très gros. On trouvait déjà l’expression hyper jolie. Et en plus de ça, pour nous, ça représente une petite philosophie de vie. »

On retrouve sur cet album certaines particularités du groupe, d’abord ses sonorités électro, très marquées par les synthés vintages, ici poussées à l’extrême et semble s’affranchir de plus en plus de l’étiquette « rap ».

On y redécouvre aussi  le grand talent de parolier d’Odezenne avec des textes mystérieux, polysémique et toujours très poétique. De tel sorte que, au fil des écoutes, de nouveaux aspects se révèlent sans cesse à l’auditeur. La poésie cachée dans pas grand-chose, le détail qui fait prendre vie à une image, c’est une des grandes forces de la musique d’Odezenne.

Ils nous offrent leur vision du monde et de leur monde, entre amour (Nucléaire, Au Baccara, James Blunt), rejet des codes (Bébé) désillusion, nostalgie du temps qui passe (Lost, Jacques à dit).

Dans Nucléaire, le deuxième couplet réécrit le premier en changeant juste quelques mots est un parfait exemple de cette poésie cachée dans la simplicité.

Outre Nucléaire, un autre morceau se démarque, c’est le titre éponyme de l’album Au Baccara,  qui après une longue introduction de nappe de synthé déroule son chant qui ne demande qu’à être repris en chœur, qui semble exprimer la légèreté, la joie et l’amour.

Cependant on pourra noter que bien que les instrus soient remarquables et que chaque morceau possède une personnalité propre,  l’ambiance générale reste globalement homogène et de ce fait empêche l’oreille de s’accrocher en particulier à un morceau à l’exception peut-être des morceaux Nucléaire et Au Baccara cités plus haut.

On retrouve aussi sur l’album, fait exceptionnel pour le groupe, deux featuring. Le premier sur James Blunt avec l’artiste Moussa qui assurera leur première partie en tournée. Le second est sur BNP, et a une symbolique très forte car réalisé par Nabounou, une jeune béninoise sans papiers qui apporte une dimension de réalité percutante à ce morceau.

Bref, après onze années de carrière et quatre albums, le groupe Odezenne continue donc toujours sa route mêlant créativité décomplexée et éclectisme et continue à nous proposer de la belle musique avec cet album joueur aux multiples sonorités.

 

1 commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.