Deuxième couplet
Mon âme monte, je vous vois en contre-plongée, (vers 19)
C’est ceux qui sont déjà partis que je m’en vais retrouver, (vers 20)
Ne vous inquiétez pas, non, je pars pour le Paradis, (vers 21)
Pas pour parader mais professer la septième prophétie ! (vers 22)
Le récit métaphysique commence ; le premier couplet consistait en effet principalement en un discours descriptif – quoiqu’on pourrait préciser que le récit commence en réalité dès le vers 14. Cette transition s’effectue en effet par un changement notable de valeurs temporelles : le couplet introductif était dominé par le présent d’énonciation et le futur simple, avec deux occurrences de l’imparfait.
Mais on passe dès le vers 14 à un présent de narration : « On me jette de la terre, on dépose quelques fleurs », « Solaar pleure » ; phénomène qui sera accentué dès le vers 23 et l’usage qu’il comporte du passé composé. Ce changement de valeur et le passage au récit qu’il induit doivent cependant être relativisés : Claude n’a en effet pas fini de s’adresser à son interlocuteur, dont on peut supposer encore une fois qu’il est l’auditeur.
Il n’y a pas grand-chose à dire sur les vers 19 et 20 : ils entament l’exposé du périple du poète et atténuent – encore une fois – la gravité de sa mort par l’usage de deux euphémismes. Le premier, assez classique, consiste à dire « partis » au lieu de « morts » ; le second, qui réside dans le verbe « retrouver », parvient à conférer une dimension positive à cet événement en suggérant justement des retrouvailles avec des proches disparus. Le détail le plus important de ces mesures est, il me semble, à trouver dans leurs premiers mots, « Mon âme », qui font immédiatement et efficacement comprendre à l’auditeur que Solaar a quitté le monde physique.
Le vers 21 peut sembler présomptueux, puisque Claude affirme avec une assurance plutôt culottée qu’il va aller au Paradis ; mais il se rattrape dès le vers suivant, en opposant par paronomase et par leur position métrique « pars pour le Paradis » à « pas pour parader ». Ces deux vers sont d’ailleurs techniquement très aboutis : ils sont en effet traversés par un réseau extrêmement dense d’allitérations, reposant sur les phonèmes consonantiques [p] et [r], et appuyé d’une double paronomase.
Notons enfin que l’expression « la septième prophétie » fait sans doute allusion au septième – et dernier – sceau de l’Apocalypse selon saint-Jean, chapitre 8 : « Et lorsque l’Agneau ouvrit le septième sceau, il se fit un silence dans le ciel, environ une demie-heure. Et je vis les sept Anges qui se tiennent devant Dieu ; on leur remit sept trompettes ». Les sept anges soufflent ensuite successivement dans leur trompette, et un fléau s’abat sur le monde à chaque sonnerie – merci Wikipedia. Mais cette menace n’a pas de sens au Paradis ; Solaar veut signifier que, même au royaume de Dieu, il souhaite continuer à répandre son message de bien. Sa ténacité le pousse à vouloir améliorer le lieu le plus parfait qui puisse exister.
J’ai tenu tête aux maîtres, aux prêtres, aux traîtres, (vers 23)
Aux faux-culs sans cortex qui dansent encore le funky jerk. (vers 24)
Les vers 23 et 24 entament un mouvement rhétorique qui se poursuivra jusqu’à la fin du couplet : MC Solaar établit en effet une sorte de bilan, de justification même, de sa vie et de la manière dont il l’a mené. Bien que le thème soit presque exactement identique à celui du premier couplet, on remarque un passage au passé (« J’ai tenu ») qui dénote avec le premier couplet, bien que celui-ci annonçait déjà ce changement de temporalité, comme nous l’avons vu au début de l’analyse de ce deuxième couplet. Ce phénomène montre que nous sommes passés d’une volonté de présentation, d’exposé, à un effort plus précis de rétrospection.
L’accumulation de termes négatifs rimants de cette paire de vers permet donc à Solaar de se positionner contre eux, répétant en cela certaines idées du premier couplet (« traîtres », « faux-culs »). Mais la mention des « maîtres », des « prêtres » et de ce qu’ils représentent est nouvelle et assez intéressante. D’abord, s’il paraît évident que les termes traîtres et faux-culs sont négatifs pour tout le monde, ce n’est pas le cas des mots maîtres et prêtres. Leur connotation péjorative est cependant elle aussi assez évidente : le maître renvoie fortement au propriétaire d’esclaves, et j’en veux pour preuve irréfutable que la couverture de l’album présente le MC au milieu d’hommes noirs enchaînés dans la cale d’un navire négrier. Solaar fait donc allusion à la dimension abusive et inhumaine que peut revêtir l’autorité institutionnelle, et marque ainsi sa méfiance à son égard.
Quant au « prêtre », le MC sous-entend probablement qu’il a « tenu tête » aux prétendus détenteurs de la bonne parole et à leurs dangers. Il est néanmoins intéressant de noter que Claude nous dit cela au milieu d’un texte où la religion joue un rôle immense et dont la conception de l’au-delà est éminemment chrétienne. Considéré conjointement avec les implications du mot « maître », ce phénomène nous montre que MC Solaar n’est pas opposé aux autorités institutionnelles et religieuses en elles-mêmes, mais à leurs représentants, qu’il mentionne directement. Il semble que Claude ne craigne pas les idées, mais les hommes.
Le vers 24 n’apporte thématiquement pas grand-chose, à part la mention de la bêtise. Je vais donc me contenter – relâchons un peu le professionnalisme ! – d’une brève analyse technique. Je serais en effet bien passé directement au vers suivant, mais la mesure 24 présente un travail phonétique très intéressant, à trouver dans les expressions « faux-culs sans cortex » et « dansent encore le funky jerk ». Les parallélismes se font tout seuls : « faux-c » / « funk », « sans cor- » / « -sent encore » et « – tex » et « jerk ». Sans compter la position de ces effets ; en voici le schéma : A-B-C / B-A-C. Vous l’aurez compris, on déconne pas avec la plume de l’As. Retour à l’académisme !
Si c’est toi, courbe-toi, marche profil bas et tais-toi, (vers 25)
Recherche une aura sinon va, tiens ! Gomme-toi. (vers 26)
Dans cette paire de mesures, le rappeur parle à la deuxième personne sur une tonalité très injonctive, péremptoire, puisqu’on peut observer sept verbes à l’impératif, dont deux achèvent les vers ; cet effet est soutenu par la multiplicité des « toi » injonctifs qui participent à une assonance double en [oi] et en [a] appuyant l’autorité du propos.
Quant à la question de l’identité de l’interlocuteur, la réponse est entièrement comprise dans la proposition « Si c’est toi ». Celle-ci n’a de sens que dans la continuité du vers précédent. J’en profite pour souligner que la manière dont je travaille le texte, en considérant chaque paire de mesures comme une unité phonétique et sémantique, tend à briser cette continuité. Cette méthode du détail peut nous faire oublier le général : à force de se concentrer sur des cailloux, on finit par ne plus voir la montagne. Bref, cela pour dire, et c’est sans doute paradoxal et peut-être impossible, que vous devriez toujours avoir l’intégralité du texte en tête à la lecture de l’analyse d’un vers, car celui-ci n’est qu’un petit rouage d’un tout beaucoup plus complexe, et son interprétation ne peut prendre son plein sens qu’à l’aune de l’œuvre qui le comprend.
Dans notre cas, MC Solaar nous dit que les vers 25 et 26 s’adressent à ceux qu’il nomme dans les vers 23 et 24 : « Si c’est toi » s’applique « aux maîtres, aux prêtres, aux traîtres, aux faux-culs sans cortex qui dansent encore le funky jerk ». Et ce que le rappeur leur demande sous-entend qu’ils n’ont rien à faire là où ils sont, ou plutôt qu’ils ne remplissent pas les conditions nécessaires à leur présence ; or Solaar nous disait un peu plus tôt qu’il se dirigeait vers le Paradis : on peut donc en déduire qu’il y est arrivé, ou à ses portes du moins, ce qui expliquerait qu’il exige humilité et discrétion de la part de ceux qui ne méritent pas d’y être, à moins qu’ils essaient de s’améliorer ; c’est ce dernier point que suggère l’expression « Recherche une aura ».
Excusez pour le mal que j’ai pu faire, il est involontaire, (vers 27)
J’ai été mercenaire plutôt que missionnaire (vers 28)
Je regrette, et pour être honnête je souhaite que Dieu me fouette, (vers 29)
Dieu, Tu es la lettre, il faut que l’on Te respecte. (vers 30)
Nous sommes passés, très rapidement et presque sans transition, de l’injonction agressive à des excuses en bonnes et dues formes (« Excusez », « Je regrette »). On peut expliquer cela assez simplement : dans les mesures précédentes, Solaar critiquait le vice d’autrui et l’appelait à l’humilité ; c’est à son tour, et il agit presque comme s’il appliquait sa propre consigne. Ce passage brutal de l’ordre à l’excuse amplifie donc leur portée et accentue leur impact.
Par ailleurs, le registre de ces vers est presque judiciaire : Claude justifie, relativise ses actes, se confesse par l’usage d’une belle paronomase et s’excuse en usant d’un lexique empreint d’une volonté d’absolution, appuyé par de nombreuses rimes. Ce phénomène est fortement appuyé par l’aspect contradictoire qu’entretiennent ces mesures (surtout la 28) avec le premier couplet, où le rappeur se présentait tout de même très positivement, et avec l’assurance qu’il affichait au début du deuxième ; mais voilà, entre les valeurs et les actes, il y a un fossé que Solaar reconnaît ne pas avoir su le franchir : nous sommes bel et bien face à une confession.
Notons que dans les vers 29 et 30 il semble que le MC se défende, ou plutôt qu’il se disculpe : il semble qu’il soit jugé. Cela est textuellement confirmé au vers 30 : « Dieu, Tu es la lettre, il faut que l’on Te respecte ». Plus qu’une confession, ces quatre mesures constituent donc un véritable confiteor ; Claude est aux portes du Paradis, et l’heure du jugement a sonné.
Ce qu’il est par ailleurs extrêmement intéressant de noter dans ces quatre vers, c’est la virtuosité avec laquelle MC Solaar joue de l’instance réceptrice (l’interlocuteur) et plus généralement de la situation d’énonciation : souvenons-nous que depuis le début du morceau et sauf à de rares exceptions dont nous avons parlées, le rappeur semble s’adresser directement à l’auditeur ; c’est le cas d’une grande partie du début du deuxième couplet, et c’est aussi celui des mesures 27 à 29, où Dieu est objet du discours.
Et il n’y aucune raison de penser le contraire avant le vers 30, où Dieu devient soudainement interlocuteur. Ce que je veux mettre en lumière, c’est la valeur double de ces trois vers : ils peuvent être compris dans deux situations d’énonciation différentes, ils sont à la fois discours et récit, et s’adressent à deux destinataires différents.
Dans le premier cas, celui qui s’inscrit dans la continuité des mesures précédentes, nous sommes dans un énoncé classique avec locuteur et interlocuteur, Solaar-narrateur et l’auditeur. Dans le second, celui du jugement du rappeur, il s’agit d’un discours direct ancré dans un récit ; toujours avec énonciateur et destinataire, mais ceux-ci sont alors Solaar-personnage et Dieu – bien que nous ayons vu lors de ma digression sur l’autofiction que MC Solaar est dans ce texte à la fois auteur, narrateur et personnage. Ce phénomène d’une grande habileté poétique crée un lien fort entre le pardon de Dieu et celui des hommes, le jugement divin et l’humain, la justice céleste et la terrestre.
Archange, comprends-moi au nom du Père, (vers 31)
Certains me trouvent exceptionnel mais j’ai pas fait l’élémentaire (vers 32)
Je suis bien conscient d’insister peut-être plus qu’il ne serait nécessaire, mais je crois vraiment que sa manière de balancer d’un interlocuteur à un autre – et plus généralement la façon dont il joue de l’énonciation – constitue un trait remarquable de la plume de l’As, dans ce morceau tout du moins. On constate en effet que le destinataire du discours diégétique est désormais un archange, sans autre transition logique que la mention du « nom du Père » qui lie cette mesure à la précédente.
Remarquons cependant que la substance du discours a changé : auparavant, Solaar s’excusait, se confessait sans rien demander d’autre que le pardon – c’est la définition même du confiteor ; il sollicite désormais la compassion par la preuve de son humilité. Ce phénomène est appuyé par le fait que les vers 30 et 31 s’ouvrent tous deux par une apostrophe, ce qui suggère qu’ils correspondent effectivement à deux mouvements rhétoriques distincts.
C’est peut-être pour cette raison que Claude a changé d’interlocuteur : après la confession, l’appel à la clémence ou, dans un lexique plus adapté, à la miséricorde. Notons que si sa pensée semble fortement influencée par la théologie et l’axiologie chrétiennes, MC Solaar développe néanmoins tout au long de ce morceau un discours moral et spirituel assez personnel. Ici, cela se traduit par un refus de solliciter la bonté du Seigneur, une caractéristique que les religions monothéistes lui accordent pourtant assez unanimement. Mais pas l’As.
Non pas que le Père soit pour lui une entité négative ; mais regardez un instant les verbes auxquels il l’associe : « je souhaite que Dieu me fouette », « Dieu, […] il faut que l’on te respecte ». Chez Solaar, on déconne pas avec le Seigneur. Il est « la lettre », la lettre de la Loi : en tant que tel, il ne peut en aucun cas être adoucit ; sa justice étant absolue, solliciter sa compassion n’aurait aucun sens dans la pensée solaarienne. C’est une caractéristique qu’il préfère conférer à l’archange, rejoignant en cela la théologie chrétienne où c’est bien cette entité qui exerce l’acte de jugement, mais toujours « au nom du Père ». Le changement d’interlocuteur permet donc bien au rappeur d’effectuer un changement rhétorique, de passer de la confession à la demande de grâce : si Dieu est la loi (on serait même tenter de dire la Loi), régie par des principes indiscutables et incontestables, l’archange est le juge qui la représente et qui peut être adouci.
Le mic’ pleure, la feuille pleure, le bic pleure, (vers 33)
Et sous le saule pleureur : Solaar pleure. (vers 34)
Il s’agit de deux mesures extrêmement significatives. Commençons par le vers 33 : c’est la première fois que le verbe « pleurer » s’applique à un autre sujet que Solaar – et ces nouveaux sujets étant des objets inanimés, on peut aisément supposer que le verbe s’applique dans le sens figuré que nous lui connaissons : se plaindre. Mais ces objets ne sont pas n’importe lesquels : il s’agit des outils essentiels à la pratique du rap. Ce sont ceux qui permettent de mettre ses pensées sur le papier et de les faire entendre ensuite, ceux qui permettent de produire de l’écrit et de l’oral, deux dimensions associées par procédé allitératif (mic / bic).
Cela induit une idée très puissante que nous avons pu voir plus tôt, dans le contexte des vers 11 et 12 : celle que la fonction de MC et les codes moraux de Solaar sont liées. Nous avons vu dans l’analyse du premier couplet qu’en « décrivant ses valeurs, Solaar décrit aussi sa pratique poétique, ses origines et ses buts, car « chez l’As, nature altruiste et fonction poétique sont inextricablement liées, codes moraux et pratique artistique sont interdépendants ». Ce n’est pas tout à fait la même chose ici, je m’explique : le mic’, la feuille et le bic qui pleurent, ce ne sont que des outils qui produisent une plainte ; et qui dit outil, dit utilisateur. Le mic’, la feuille et le bic ne se plaignent pas : ils sont le medium des plaintes de l’As.
Et cela ajoute une nuance extrêmement importante à la signification du syntagme « Solaar pleure », une nuance que nous avions dégagée dès l’analyse du refrain et qui prouve la pertinence de cette dernière : Solaar qui pleure, ce n’est pas seulement Solaar qui se plaint ; c’est Solaar qui rappe ses plaintes. L’union de ses valeurs morales et de sa fonction artistique prend alors tout son sens : MC Solaar confère à sa plainte la forme d’un rap parce que ses codes moraux sont profondément liés à sa pratique poétique.
En ce qui concerne la mesure 34, sa principale caractéristique réside dans les variations qu’elle montre par rapport au vers 16 : nous sommes passés de « Seul, sous son saule pleureur : Solaar pleure » à « Et sous le saule pleureur : Solaar pleure ». L’usage de la conjonction de coordination « Et » inscrit cette mesure dans la continuité de la précédente et crée un effet d’accumulation en faisant se succéder « Le mic’ pleure, la feuille pleure, le bic pleure » et « Solaar pleure », qui agit comme une cerise sur le gâteau ; effet qui n’existe pas dans le vers 16.
Quant à la disparition du « Seul », elle suggère simplement un changement d’état ; grossièrement, Solaar n’est plus « Seul » parce qu’il est passé du cercueil au Purgatoire. Si l’expression « Seul, sous son saule pleureur » renvoyait à la solitude de la tombe, la proposition « Et sous le saule pleureur » ne désigne en effet plus spécifiquement la sépulture du poète, mais plus largement la mort. C’est bien ce que suggère le passage du déterminant possessif « son » au défini « le » : « le saule pleureur » de la fin de ce deuxième couplet s’applique à quelque chose qui n’appartient pas exclusivement à MC Solaar.
Retroussons désormais nos manches et attaquons-nous au gros morceau : le troisième et dernier couplet de l’œuvre, les 52 mesures qui constituent son véritable cœur.
Troisième couplet – Premier mouvement
Nous allons accélérer un peu le rythme car – je ne sais pas si vous l’avez remarqué – l’analyse est déjà bien dodue.
Je suis au Paradis, je sillonne les plaines, (vers 37)
A la recherche de resquilleurs dans le jardin d’Éden (vers 38)
J’ai contrôlé les anges, pas de haine et pas d’ennemi, (vers 39)
Sinon j’ai l’canif et j’inaugure le meurtre au Paradis ! (vers 40)
C’est donc sans autre précision que ce « Je suis au Paradis » que l’As nous annonce le résultat positif de son jugement. Ce procédé de transition brutale (que nous avons déjà vu puisqu’il jalonne l’intégralité du texte) tend à mettre en relief certains moments des péripéties de Solaar au détriment d’autres ; en d’autres termes, le rappeur omet volontairement des événements pour concentrer son récit sur d’autres.
Et il assez aisé de déterminer quel critère il applique pour établir sa sélection ; rappelons-nous que MC Solaar est le sujet, le héros de la diégèse : seront donc tus les moments où il n’y est qu’objet, comme c’est le cas de son jugement. Ce que le rappeur veut nous raconter, ce sont ses actes, ses paroles et ses pensées (« Je suis au Paradis ») ; le reste n’est alors qu’accessoire. Gardons donc à l’esprit que Solaar Pleure est un texte lyrique et par là même éminemment personnel.
Par ailleurs, ces mesures nous montrent un comportement plutôt étrange de la part de MC Solaar. Le Paradis est en effet traditionnellement considéré comme un lieu de repos et de béatitude ; or le lexique dont use Claude ne témoigne absolument pas d’une quelconque félicité, bien au contraire : « sillonne », « A la recherche » sont autant de mots qui nous font comprendre que l’As ne compte pas se reposer et qu’il a un objectif précis en tête. Ce but, nous pouvons en appréhender la nature dès les vers 38 et 39 : « A la recherche de resquilleurs », « J’ai contrôlé les anges ».
Le vocabulaire utilisé suggère très explicitement que Solaar occupe une fonction de contrôleur, de policier céleste, qui recherche et chasse le mal ; mais nous parlons des habitants du Paradis : chacun d’entre eux est, comme l’As, passé par un jugement pour en arriver là, un jugement favorable prononcé par l’archange lui-même. La fonction de contrôleur des cieux n’a donc aucun sens, puisque la population du Paradis a déjà été « contrôlée » par une entité divine. C’est la première faute de Solaar : oser s’octroyer une fonction déjà occupée par un être angélique, donc supérieur – une supériorité que s’attribue le MC par le fait même d’exercer cette fonction ; Solaar commet ici une faute d’orgueil, en se plaçant au même niveau qu’un ange, et même au-dessus puisqu’il parle de contrôler les anges, et pas uniquement les hommes.
Mais ce n’est pas tout : l’As fait preuve d’une agressivité et d’une violence contraires aux principes mêmes qui régissent le Paradis ; il parle en effet « d’ennemi », de « canif » et de « meurtre » . Une agressivité soutenue par le cri poussé en arrière-plan musical à la fin de la mesure 40 et par une puissante allitération en [r] qui caractérise le vers 38. Prêt à combattre le mal par le mal, MC Solaar agit ici comme un véritable fasciste du bien, décidé à imposer à tous sa vision, fût-elle salutaire, et paradoxalement capable de se corrompre pour préserver la pureté du Paradis. Cette idée est encore illustrée par la ressemblance phonétique et l’opposition sémantique des syntagmes « jardin d’Éden » et « pas de haine et pas d’ennemi » ; on remarquera d’abord que les groupes « pas de haine et» et « pas d’enne- » sont liées par paronomase (cela devient évident lorsqu’elles sont prononcées), et ensuite que chacun de ces syntagmes entre en résonance allitérative avec l’expression « d’Éden », le tout soutenu par une structure chiastique qui lie « resquilleurs » à « haine » et « ennemi », et « Jardin d’Éden » à « anges » – avec enfin une antithèse au vers 40 qui repose sur l’expression « meurtre au Paradis ».
Ces multiples procédés phonétiques, structurels et sémantiques accentuent lourdement l’opposition entre le bien et le mal, tout en les réunissant pourtant en la personne de Solaar qui semble les confondre de plus en plus, penchant ainsi dangereusement vers le côté obscur.
J’ai joué au maigrelet chaque fois qu’on m’a provoqué, (vers 41)
Contemplatif ordonné, j’ai pardonné sans pardonner (vers 42)
Mais j’n’étais pas un héros, juste un mec fait d’os et d’eau, (vers 43)
Maintenant j’suis une âme qui plane, perdue sans stylo ! (vers 44)
Les choses sont désormais claires : nous sommes dans un mouvement rhétorique qui s’inscrit à l’opposé de celui amorcé au premier couplet et légèrement poursuivi dans le deuxième. On remarque en effet que dans ces quatre mesures, Solaar présente et accentue ses défauts ; présentation entamée dès le deuxième couplet, qui constitue ainsi bien une transition sur tous les plans : entre la terre et l’au-delà, entre la situation initiale et l’élément perturbateur, entre l’exposé idéalisé des valeurs du poète et celui, plus réaliste, de ses tares.
Pour illustrer ce propos, observons un instant les verbes utilisés dans les vers 41 et 42. D’abord « joué au », synonyme ici de « faire comme si », dont l’usage est extrêmement intéressant car il rapproche Solaar des « faux » qu’il critique tout au long du morceau. De même avec « pardonné sans pardonner », qui suggère aussi une forme d’hypocrisie contradictoire avec le premier couplet mais surtout une sorte de rancœur, un vice qui entre en complète opposition avec la qualité chrétienne qu’est le pardon.
Et le MC de très justement préciser : « Mais j’n’étais pas un héros ». MC Solaar contrebalance ici totalement le discours du premier couplet, comme pour rappeler qu’il s’agissait d’un exposé idéalisé et pas de la description d’un comportement pratique. Cette idée est encore appuyée par la proposition « juste un mec fait d’os et d’eau » qui atténue l’importance du terme « héros » par l’usage d’une belle assonance couronnée, si on peut le dire ainsi, et qui lie Solaar au terrestre ; dimension qu’il avait effacée dès le début du texte (« Fuck la terre ») et au début du deuxième couplet.
Ce n’est pas anodin : sur terre et au milieu des hommes, Claude rejetait le monde matériel et se présentait extrêmement positivement ; maintenant au royaume de Dieu, il rétablit ses attaches avec le terrestre et avec le vice. Cette contradiction est encore soutenue par l’opposition entre les expressions « un mec fait d’os et d’eau » et « une âme qui plane » ; trop bon et spirituel pour les hommes, pas assez pour les anges, il semble qu’où qu’il soit, MC Solaar n’est pas à sa place.
Notons enfin la proposition « perdue sans stylo », brève mais pleine de sens : en suggérant que le rappeur est perdu parce qu’il n’a pas de stylo, symbole de sa pratique poétique, elle établit une nouvelle liaison entre cette dernière et son comportement, entre son rap et ses valeurs. Et on peut peut-être trouver dans cette idée l’explication de l’attitude belliqueuse de l’As : le stylo, le rap, est le medium privilégié par lequel MC Solaar exprime sa haine du mal et son amour du bien ; comme nous avons pu le voir à plusieurs reprises, sa fonction de rappeur est étroitement liée à sa nature altruiste. Or, pour « un p’tit qui a voulu qu’la vie d’autrui soit comme une poésie », ne plus avoir de stylo revient à être dénué de sa fonction et de son but ; et l’agressivité, la haine du vice qui était jusqu’alors contenue dans son rap, éclate dans ses actes.
Eden exterminator, ange exterminateur, (vers 45)
Videur matador du divin examinateur (vers 46)
M’assure que c’est par méprise que je trippe avec les anges (vers 47)
Et m’envoie aussitôt vers les flammes et puis la fange ! (vers 48)
Les mesures 45 et 46 cristallisent tout à fait la contradiction que l’As porte en lui. Il s’agit d’un concentré de noms et d’adjectifs qui se rapportent tous à Solaar, très fortement liés entre eux par l’usage de divers effets sonores : une paronomase sur les termes « exterminator », « exterminateur » et « examinateur », soutenue par des rimes avec « Videur » et « matador » qui ajoutent une allitération en [d], aux côtés d’une autre en [n] et d’une assonance en [i], appuyées par les mots « Eden » et « divin ». Bref : c’est dense, et toutes ces liaisons sonores accentuent le caractère antithétique de ces vers.
Car oui, vous avez dû remarquer que les différents groupes nominaux qui les constituent montrent des oppositions sémantiques très marquées : d’un côté nous avons « Eden », « ange » et « divin examinateur » ; de l’autre, « exterminator », « exterminateur » et « Videur matador » ; et, il est important de le noter, tous ces syntagmes sont syntaxiquement liés entre eux.
Ces nombreux effets sonores et sémantiques témoignent plus explicitement d’un phénomène que nous avons pu observer dans les quatre premières mesures de ce couplet : le balancement de Solaar entre le vice et la vertu, entre le bien et le mal. Quoiqu’il ne s’agit plus désormais d’un balancement : c’est bel et bien une association, une union qui s’accomplit en la personne de l’As. Il est un « ange exterminateur » (est-ci éloigné de ce qu’est Lucifer ?), le « Videur matador du divin examinateur », celui qui fait le mal pour préserver le bien.
Mais comme nous l’apprennent les deux mesures suivantes, cela ne semble pas être la solution. Je souligne qu’il faut comprendre le vers 47 de cette manière : « [Il] m’assure que c’est… ». Le « Il » se rapportant au « divin examinateur » qui précède, ce que nous confirme le vers 48 qui n’a de sens que dans cette perspective. Je le précise, parce que cette absence de sujet dans la syntaxe m’a personnellement fait bugger. Le fait que le sujet se trouve au vers précédent crée une liaison forte entre les vers 46 et 47, ou plutôt un effet de transition très rapide qui suggère une forme de causalité : les événements des vers 47 et 48 seraient la conséquence de ceux de des mesures 45 et 46 ; en d’autres termes, le MC va choir en Enfer parce qu’il se prend pour un « exterminateur » : parce qu’il a perdu de sa pureté.
La vivacité rhétorique que nous avons pu observer plus tôt se poursuit dans les vers 47 et 48 : on passe en effet très vite, le temps d’un vers, des anges à la fange, et l’adverbe « aussitôt » appuie lui aussi cet effet de rapidité. A la mesure 46, Solaar est en confiance, s’exhibe même ; à la 48ème, il est envoyé en Enfer. Ce phénomène de transition brutale (dont on commence à avoir l’habitude!) accentue l’aspect radical de ce nouveau jugement et témoigne une fois de plus de la volonté de concision du rappeur, qui préfère privilégier le récit de ses péripéties essentielles au détriment des détails et des dialogues.
Avant de passer aux mesures suivantes, je vous propose d’établir un très bref bilan du passage de l’As au jardin d’Éden. Il est extrêmement intéressant de constater que le processus de déchéance de Solaar débute en réalité dès son arrivée au Paradis. Cela est d’autant plus étrange que les deux premiers couplets faisaient montre d’un manichéisme particulièrement fort, cristallisé en la personne de Claude qui se présentait comme un être de pur bien animé par une haine féroce du mal. Mais progressivement, à partir du deuxième couplet et de manière définitive dans le troisième, MC Solaar se montre corrompu – quoique la réalité est plus complexe : il réunit le vice et la vertu, le bien et le mal en une seule entité – lui-même –, relativisant de fait la dimension manichéenne de son œuvre. En somme, en montrant que la préservation du bien peut passer par la pratique du mal, Solaar atténue voire défait la dichotomie simpliste entre vice et vertu qu’il s’est efforcé d’opérer depuis le début du texte, complexifiant ainsi les implications de son discours axiologique.
Notons enfin que ce processus de décadence morale de l’As demeure profondément lié à sa pratique poétique, comme nous le suggérait l’expression « perdue sans stylo » qui sous-entendait que son agressivité était canalisée dans le rap. Et c’est peut-être cela, la clé de la compréhension du discours de Solaar : la nécessité de passer par la poésie pour lutter contre le mal sans se laisser soi-même corrompre ; ne pas combattre le mal par le mal – comportement qui l’a envoyé en Enfer –, mais par l’art.
Cinq cent one plus cent-soixante-cinq, cent-onze fois six, le code-barre de l’Antéchrist
(vers 49)
Je vois des porcs et des sangliers, le feu et le sang liés, (vers 50)
Je prie car j’ai peur, Satan rit, Solaar pleure, (vers 51)
Solaar pleure, Solaar pleure… (vers 52)
Les vers 49 et 50 nous introduisent pleinement dans un environnement infernal, d’abord par le changement d’orchestration (je sais, je sais, je devrais pas commenter la musique!), puis par une présentation de l’hôte de ces lieux qui se présente sous la forme de son « code-barre », c’est-à-dire une addition et une multiplication ayant pour résultat 666 – tout en en profitant pour en placer une p’tite pour son ancien collectif, le Posse 501. Cette description mathématique, appuyée par une très forte allitération en [s] et une paréchèse en [en], a d’abord pour effet de faire « dramatiquement » traîner l’apparition de Satan ; mais elle crée surtout, par cet usage d’opérations algébriques, un sentiment d’inexorabilité logique, comme si le résultat de ces calculs rationnels scellait le destin de Solaar.
La présentation se poursuit par une charmante introduction à la faune et à la météo locales : « Je vois des porcs et des sangliers, le feu et le sang liés ». De multiples symboles de l’Enfer chrétien, qui poursuivent légèrement la précédente allitération en [s] par l’usage d’une très élégante rime équivoquée qui lie « sanglier » à « sang liés » et qui renforce le dramatique de la situation du fait d’une accentuation orale particulièrement marquée.
La mesure 51 est très dense ; elle montre une allitération en [p] et en [r] créée par une triple rime interne qui suit un schéma ABC/ABC : « Je prie (A) car (B) j’ai peur (C), Satan rit (A), Solaar (B) pleure (C) ». Si le réseau de rimes du vers suit une structure binaire, on remarque cependant que sa syntaxe et sa scansion sont quadruples : mais les trois premiers groupes, « Je prie », « car j’ai peur » et « Satan rit », sont prononcés dans la précipitation, de manière effrénée, avec une puissante accentuation sur la dernière syllabe – ce qui reflète dans une certaine mesure l’état d’esprit de Solaar à ce moment fatidique ; tandis que la proposition « Solaar pleure » est déclamée beaucoup plus calmement, lentement, et est même répétée à plusieurs reprises, ce qui a pour effet de la mettre fortement en valeur. Nous commenterons un peu plus tard le fade-out des « Solaar pleure ».
Il est par ailleurs assez ironique de constater qu’à l’ultime instant, Solaar s’en retourne vers l’entité qui l’a condamné à ce destin trois mesures plus tôt : « Je prie ». Mais le gros morceau de ce vers, c’est bien sa deuxième moitié : « Satan rit, Solaar pleure ». Opposition sémantique qui touche presque à l’antonymie d’une part, liaison phonétique avec les [s] qui lie « Satan » et « Solaar » d’autre part : ces procédés créent une puissante antithèse entre les deux propositions qui accentue l’aspect tragique de l’action et oppose radicalement MC Solaar à Lucifer, ce qui tend indirectement à mettre le rappeur en valeur.
Enfin, cette antithèse nous indique que « Satan rit » signifie l’opposé de « Solaar pleure », de Solaar qui se plaint. « Satan rit », cela veut donc dire que l’Antéchrist se réjouit, se félicite. Bref, l’As semble bien être perdu, et sa dernière plainte est justifiée ; mais souvenons-nous que l’acte de pleurer n’est pas entièrement négatif, puisqu’il n’est pas associé qu’à l’acte de se plaindre, mais aussi à celui de rapper. Et c’est effectivement par sa pratique poétique que le MC va mener le combat qui l’attend.
Merci pour cette exégèse très fouillée ! Pour être honnête je n’avais pas le quart de la moitié du commencement de tout cela 😉 Je vois cependant une autre dimension qui n’a pas été évoquée sauf erreur de ma part : le combat du héros est épique parce qu’il est unique et extraordinaire au premier sens du terme. La conclusion voit la victoire de l’As sur Lucifer, mais le retour à la réalité voit un monde toujours dominé par le mal. Le héros remporte une victoire individuelle mais ne sauve pas le monde (ou alors par l’exemple seulement) car il faudrait des millions d’autres combats et d’autres victoires pour faire de la Terre un paradis.
Cet article est très intéressant et le travail impressionnant. Bravo à l’auteur
Impressionnant cet article, et impressionnant ce site !
Mille félicitations à l’auteur.
Dont j’ai recherché quelques éléments biographiques sans succès.
Tous ces articles sont-ils écrits bénévolement ?
Un tel travail mérite salaire 😉 reconnaissance publique diffusion.
Bravo !
Je tombe sur cet article un peu en retard… Déjà merci pour l’analyse c’est super intéressant, je n’avais pas tout compris à l’époque même si j’adorais déjà la chanson.
Je réponds principalement à SolaarFan qui se posait une question sur le sens de son nom (à 0:45). Moi aussi je trouvais le son bizarre, comme s’il était édité à ce moment-là mais je n’avais jamais compris en quoi.
Je viens de tester d’inverser le sens de défilement du son (avec Reaper) pour voir ce que ça donnait et en effet, le son est à l’envers à ce moment-là. Une fois remis dans le bon sens il dit clairement « M’Barali Claude » avec une diction plus naturelle (donc dans le bon sens). Dans le morceau (donc inversé), ça donne quelque chose comme « Dlauc ilaraB’M », ce qui se rapproche en fait beaucoup phonétiquement de son nom à l’endroit, surtout avec le début de « initiale » à la suite qui fait office de dernière syllabe de « M’Barali » comme l’a noté Idir.
Je ne sais pas exactement la signification de cette inversion s’il y en a une, peut-être qu’il a seulement voulu s’amuser avec son nom en créant une sorte d’illusion sonore, comme ces images qui gardent le même sens une fois mises à l’envers. Bref ce morceau est définitivement fascinant !
Pour le refrain, ne peut-on pas aussi le comprendre comme « Ecoute Solaar (et) pleure » pour confirmer l’efficacité du texte du rappeur > écouter Solaar, c’est ensuite nécessairement pleurer comme lui ?
Avant tout, mille fois bravo !
Je suis un grand admirateur de poésie et finalement, je comprends mieux pourquoi le rap me plait autant… J’ai toujours rêvé d’étudier un texte de rap comme nous le faisons avec la poésie (et surement comme le feront nos enfants dans 100 ans). Alors merci pour ce travail tout simplement énorme ! (dans les deux sens du terme :D)
merci
Dans le rap en france (et dans le monde soyons fou), y’a Solaar et les autres.
SolaarFan : Oui c’est vrai qu’on peut se demander pourquoi il n’a pas cité son nom complet, alors que la syllabe est courte et aisément ajustable au rythme. Je pense que l’explication la plus probable est que Solaar a voulu fondre la fin de « M’Bara » et le début de « initiale », c’est-à-dire qu’il s’est tout simplement dispensé de finir le mot, le suivant faisant déjà le taf.
D’un point de vue plus classique ça évite aussi un effet malvenu de cacophonie par la répétition successive de la même voyelle.
One luv !
Bravo pour l’analyse poussée!
Un vers m’a toujours intrigué dans cette chanson. C’est le vers #11: « Ci-gît Claude M’Bara, initiale MC, ».
Je l’ai même écouté au ralenti et je n’arrive pas à comprendre exactement ce que Solaar dit. Son vrai nom étant Claude M’Barali, j’ai l’impression qu’il a inversé en studio le sens de lecture de son prénom puis de son nom. Cela donnerait: « »Ci-gît edolC ilaraB’M initiale MC, ». Quelle en serait l’interprétation? L’homme est devenu artiste? MC Solaar est le miroir Claude M’Barali? Solaar ne veut pas citer son vrai nom?
whaou!!
joli!!
moi aussi je la connaissais depuis un bout de temps et j’avais décelé 2-3 trucs, et je m’intéressais à trouver une analyse plus complète, mais là c’est à couper le souffle!!
Chaque mot est pesé, et tout ça avec une musique agréable aussi d’un point de vue purement acoustique.
En tout cas merci, c’est un sacré boulot!!
superbe etude de texte! bravo! solaar est un sacré poète! merci
Whoua!
Alors là… Je connais ce morceau depuis que j’ai 15 ans, et jamais je ne pouvais imaginer apporter une telle profondeur à ce texte si riche.
L’analyse reste claire, même si je pense qu’on ne peux systématiquement entrer dans une telle étude sur chaque morceau, sinon le plaisir de l’écoute laisserai la place à une réflexion constante et viendrai « gâcher » notre écoute innocente et insouciante!
Sinon bravo, je ne pensais pas que quelqu’un pouvais porter une telle réflexion sur un morceau porteur de notre culture.
Vivement une suite juste sur la signification du code barre au 3éme couplet!