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Interviews Rappeurs

[Interview] 2-zer : « Quand tu es tout seul, tu vas plus vite mais en équipe tu vas plus loin. »

2Zer Washington fait partie de cette nouvelle génération de rappeurs qui en veut. Membre de L’Entourage et du S-Crew, dont l’album Seine Zoo (sortie le 30 septembre) est très attendu, il se différencie par un flow souriant et une écriture dans laquelle il se raconte. Franc, sympathique et sincère, il a répondu aux questions du Rap en France. 2Zer : un sacré numéro.

D’où viens-tu et comment as-tu eu le déclic rap ?
J’ai grandi dans le 20e arrondissement, près de Ménilmontant, dans un quartier qu’on appelle la banane. Depuis que je suis petit, on a toujours écouté du rap. Le premier CD de rap que j’ai écouté, c’était Coolio Gangsta’s Paradise. J’étais tout petit et ça m’a vite passionné. J’ai vu que l’école n’était pas pour moi donc je me suis dit que j’allais faire ça. C’est un truc qui m’inspire, qui me donne envie. C’est une manière de s’exprimer, sans forcément se livrer à une personne en particulier. Même s’il y a beaucoup de gens qui écoutent, au final tu es moins timide de rapper ton texte que de parler directement à une personne de ce qui te touche, de ce qui arrive. À l’âge de 11 ans, avec mes potes pour rigoler en cours, on prenait des paroles de rappeurs, on les modifiait un peu. De fil en aiguille, j’ai commencé à écrire mes textes.

Pourquoi 2Zer Washington ?
C’est une longue et bonne histoire. Ça a été du feeling. Je me suis habitué à mon blaze. Comme les lycées sont dans tout Paris et pas seulement dans ton quartier, tu te fais plein de connaissances de personnes d’autres quartiers. On me demandait d’où je venais et je répondais toujours du 2 zéro. À la fin, on a enlevé le o et les gens m’appelait comme ça : 2zer. Washington, c’était pour rire sur Denzel Washington. Je l’ai marqué sur Facebook et c’est resté.

Tu ne regrettes pas ?
Non, maintenant c’est mon blaze et je n’ai pas envie de le changer. Ça me convient. Je n’ai pas de problème avec ça.

Et ton gimmick « Tu connais pas 2Zer » vient d’où ?
Il y a 5-6 ans avec mes potes, on a fait une vidéo pour rire. On allait voir les gens dans la rue, on les filmait et on leur demandait de dire « Tu connais pas 2Zer ? ». J’ai mis la vidéo sur Internet. Les gens ont vu la vidéo et ils me disaient toujours « Tu connais pas 2zer ? ». Et c’est resté.

Tu peux nous raconter un peu ton parcours avant le S-Crew avec Lyricalchimie ?
À la base, j’ai rencontré Lyricalchimie via Bloopa Looza. À l’époque je trainais avec lui, un mec du quartier nous avait présentés. Ce sont des connexions improbables. On s’est connu dans la rue. Il a vu que je rappais dans mon coin, il m’a dit « Je vais te présenter des potes à moi Lyricalchimie, ils sont dans le délire rap à fond ». Vers mes 16 piges, je ne connaissais pas trop les opens mics, je n’étais pas encore dans ce délire. J’étais rappeur dans mon coin, je faisais mes trucs avec les rappeurs que je connaissais. Il n’y a qu’eux qui m’écoutaient. De connexion en connexion, j’ai rencontré Cas de Conscience, L’Entourage. On s’est rencontré dans les opens mics. Au début j’ai eu un bon feeling avec Poochkeen et Lyricalchimie. Au final, on s’est dit « Pourquoi ne pas faire un projet commun ? » Bloopa Looza avait un peu arrêté d’écrire à cette époque là. Il a participé sans en faire partie intégrante. En parallèle, on a aussi créée Tribus de L’Est avec B. Looza. On s’est dit qu’on pouvait faire un groupe à deux. C’est vraiment plus Lyricalchimie qui s’est concrétisé.

Votre projet a eu un succès d’estime non ?
Oui, il a eu un petit succès dans le milieu underground. Les gens ont bien aimé. Il y avait des personnes que je ne connaissais pas qui m’arrêtait dans la rue pour me dire que c’était bien. C’était fou. C’est là qu’on a vu l’impact de partage de L’Entourage. Quand quelqu’un sortait un projet, tout le monde le partageait.

Vous vous êtes séparés ?
Après le projet, Poochkeen avait ses bails à faire, un solo, Ouhhz aussi. Moi je me suis retrouvé solo, j’ai continué le rap. Je me suis mis à côtoyer les mecs de L’Entourage. Depuis le début, je  trainais pas mal avec les mecs du S-Crew. C’était un lien d’amitié fort, avant le rap. On s’est connu par rapport à ça, on a vu que l’on avait la même passion, la même culture, les mêmes goûts. Ils m’ont d’abord invité sur leur projet Même Signature. J’étais beaucoup avec eux donc j’ai fait beaucoup de sons. Au final, on a vu que ça marchait bien 2Zer S-Crew, on était devenu comme des frères avec le temps. On a vu que ça devenait vraiment sérieux donc ils m’ont dit que si je voulais rejoindre l’équipe, j’étais le bienvenu. S-Crew c’est vraiment une équipe de frères avant d’être une équipe de son.

Tu as développé ton propre timbre et flow et c’est ce qui fait que l’on te reconnaît au premier mot. Est-ce que tu as travaillé en ce sens ?
Ça a été long de trouver mon propre style. Au départ, tu n’as pas vraiment de style, tu fais un peu de tout, tu essaies. C’est vraiment de l’expérimentation. On va dire que quand j’ai eu 17 ans et que j’ai commencé à me mesurer aux autres dans les open-mics, j’ai beaucoup appris. J’ai vu plein de gens qui avait plein de style. Je me suis dit « il faut que j’ai mon truc et que je développe ça ». Ce que j’ai fait de mon côté. Après c’est au feeling, c’est juste moi. Quand je parle ou quand je rappe, c’est à peu près la même chose. Je parle vite donc je rappe vite.

Comment tu le décrirais ?
Comme je t’ai dit, c’est beaucoup au feeling. C’est vraiment ce qu’il va se passer dans ma vie. J’ai vraiment besoin de ça pour écrire. J’ai besoin d’être inspiré par ce qu’il se passe tous les jours. C’est à dire que je ne vais pas me mettre à écrire parce que je dois écrire. C’est vraiment une instru, un truc que j’ai vécu qui va me donner l’inspiration.