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Sélections Tops

Nos morceaux préférés d’avril 2017

Retrouvez chaque mois nos dix morceaux préférés.   10 – Nakk Mendosa – Tout l’monde s’en fout (Prod. Fabien Carlin) Difficile de s’attaquer à un morceau devenu classique en quelques mois seulement. Nakk Mendosa a rassemblé son énergie de kickeur et a tenté le coup. Un clip épuré, un texte efficace et… une apparition surprise …

Actus Une semaine de rap français

Une semaine de rap français : du 7 au 11 novembre

Alors que le monde entier a été accaparé par la tonitruante semaine d’élection présidentielle américaine – permettant aux jeunes Charlie et autres experts facebookiens en géopolitique de se prononcer sur le sujet  – le rap français a encore fait parler de lui. Entre exclus, nouveaux sons et grosse(s) sortie(s) d’albums, retour sur une semaine aussi chargée qu’une bonne kalash. Lundi …

Sélections Tops

Les 10 meilleurs clips de 2014

Il arrive un peu en retard, on en est désolés. On pensait que le quart d’heure de courtoisie était légèrement démodé, alors on a opté pour les 3 semaines de nonchalance. Mais il est là, tout chaud, tout frais, livré pour vous. Comme à notre habitude, on s’est battus corps et âme pour vous offrir un panel des plus représentatifs possibles. On avait d’autres groupes dans le viseur, (mal)heureusement évincés par d’autres, qui ont fourni un travail plus approfondi, plus soigné. On espère que ce top ne plaira pas à tout le monde, que vous nous donnerez vos avis, que vous nous suggérerez d’autres idées, d’autres clips qui auraient pu avoir leur place ici. Nous, en tout cas, on a fait notre choix. Le voilà.

10 – Anticlubbing de l’Asocial Club

Selon la rédaction, l’Asocial Club a réalisé le meilleur album de l’année. Voir la clique à Casey réunie sur un seul et unique projet était jouissif. Mais quand elle nous offre en plus un clip aux allures de court-métrage, dans lequel ils se foutent ouvertement du lieu dans lequel ils filment, on ne peut que valider !

 9 – TV de Gael Faye

« Je suis prisonnier de mes chaînes parce qu’ici la télé commande !« . Le talent de Gaël Faye pour frapper fort avec les mots n’est plus à présenter, mais cette fois, ce sont aussi les images accompagnant la voix du picaflore qui effacent tout désir de zapper ! Avec le clip illustrant ce titre inédit, Gaël Faye retrouve ses yeux d’enfant devant les programmes qui défilent, retournant vers ses souvenirs lointains parfois similaires aux nôtres lorsque « la mondovision canapé transforme le globe en un village« . Tranches de vie reflétées dans un écran, entre ouverture sur le monde et traitement de l’information déshumanisé, le regard est juste et en croise surement des milliers d’autres qui se reconnaîtront. « Le poids des mots, le choc des images » en moins de 4 minutes !

8 – M. Tout le monde de Bigflo et Oli

Du haut de leur 21 et 17 ans, les deux frères et emcees Big Flo et Oli ont vu leur notoriété se déployer en 2014, par leur incroyable justesse et leur fraîcheur. Ils ont ainsi clippé Monsieur Tout le Monde, avec Julien Hosmalin à la réalisation, et touché du bout des doigts le million de vues sur Youtube. La force de ce storytelling, sombre et infiniment réaliste, passe avant tout par un casting rayonnant avec un Kyan Khojandi très convaincant en mec banal qui pète une quille, se retrouvant à l’origine d’un drame familial incontrôlable.

7 – Shoote un ministre de Vald

Vald doit avoir un leitmotiv inconscient: une polémique par clip. Après avoir retourné le net et les associations pour l’intégration des autistes dans la société avec son clip et sa chanson brillamment intitulés Autiste, Vald est revenu en force avec ce son tout à fait renversant. Et le clip est tout à fait à la hauteur de la musique… et surtout du personnage ! On le voit trimballer un ministre mort à travers Paris sur une chaise roulante et rien ne semble pouvoir l’en arrêter, tant il est habité par ses idées: tu feras peut-être quelque chose de bien poto, shoote un ministre ! Quand Mehdi, de l’abcdrduson, lui a demandé lors de son émission, si il était fou, Sullyvan a nié. Je reste persuadé qu’il se trompe sur son propre état. La caractéristique principale de la folie, en somme.

6 – L’art raffiné de l’ecchymose de Lucio Bukowski et Nestor Kea

Ça doit être rageant pour les autres rappeurs: nous tenons ici un homme qui nous fait vibrer à chaque nouveau projet et qui, en plus de ça, arrive à innover en amenant un vrai concept inédit quand il décide de donner vie à ses chansons. Le clip du chef d’œuvre L’art raffiné de l’ecchymose est une véritable métaphore de l’empreinte du temps sur l’homme. Mélangeant l’art de la sculpture à celui du film et du rap, Lucio nous livre ici une façon encore inexplorée de la manière avec laquelle le temps façonne l’homme: le temps nous construit à sa guise, avec son lot d’aléa, de ratés et de bonheurs, avant de nous faire disparaître pour donner vie aux futures générations. Même si ce clip n’est pas divertissant au possible, la façon avec laquelle il traite son sujet est digne des plus grands artistes contemporains, club auquel est déjà inscrit Lucio depuis bien longtemps.

5 – Je Veux Te Baiser d’Odezenne

Odezenne fait partie de ces artistes qui avancent en hors-piste sur les descentes du rap français. Un style propre, assumé, unique, inédit. Les morceaux d’Odezenne sont des échappatoires poétiques rythmés par une symphonie tantôt douce et calme, tantôt haletante. Comme une transplantation de Cocoon dans le rap, la littérature d’O2N appelle à la reconsidération de la nature originelle de nos êtres, nous conduisant à la recherche du bonheur là où il se trouve réellement, et non dans les codes sociaux imposés par la société. C’est dans cette perspective merveilleuse qu’a été réalisé le clip de Je veux te baiser, où la poésie métaphorique du texte, la montée en puissance de l’instrumental et l’esthétique du clip contrastent avec la vulgarité apparente du titre.

4 – Suicide Commercial de Lino

Dans une perspective symbolique encore rarement atteinte, monsieur Borsalino a clipé une pépite digne héritière de toutes les influences dont il nous fait part dans ses paroles. Entre références cinématographiques (scène finale de La Haine de Kassovitz; la scène des échecs du film de Bergman Le Septième Sceau etc), musicales (Stevie Wonder, Patrick Bruel) ou littéraires (référence directe à Boris Vian en disant J’irai pisser sur vos tombes), la moitié du tandem mythique nous offre un condensé jouissif de punchparagraphes. Il a même su s’entourer de quelques pointures du « hip-hop » français en les personnes de Vald, Tunisiano, Sofiane et Kassovitz qui viennent appuyer ces quelques minutes de coup de poings visuels et, accessoirement, auditifs.

3 – Time BOMB de Nekfeu

Il y a peu, nous avons eu le droit à Deen postiché aux côtés de JP Manova pour le clip de ce dernier: l’ancien reconnaissait le nouveau. Un peu plus tard dans l’année, on a vu Nekfeu poser avec, entre autres, les X et Oxmo: le nouveau rendant hommage aux anciens. Et quel hommage ! Dans un clip aux vibes décidément old school, dans tous les sens du termes (que ce soit au niveau des images, du montage, ou même de ce grain plastique reconnaissable entre tous), Nekfeu a magnifiquement remis Time Bomb au goût du jour, en nous offrant, toujours à sa manière détonante, un panel représentatif de ses plus grandes sources d’inspiration. C’est au bout de clip que le fennec est allé puiser dans le passé, que la nostalgie nous envahit: ah, si Time Bomb n’avait pas explosé…

2 – 06h16 – Des histoires à raconter des Casseurs Flowters

Orel et Gringe sont les Casseurs Flowters. Un an et 60 000 exemplaires vendus plus tard, leur clip  06h16 – Des histoires à raconter est enfin sorti. Dernier track de l’album mais surtout conclusion d’un quotidien désordonné sous alcool, ce morceau sombre et introspectif ne se destinait pas à un clip à la hauteur de Bloqué ou Change de pote. Pourtant, c’est de la mélancolie qu’émerge cette claque visuelle, réalisée par le duo plus que talentueux Greg et Lio. Ce petit film nourri aux délicats effets spéciaux, accompagné de sa mélodie moderne est une énième preuve du talent des deux rappeurs, entre inventivité, créativité, simplicité et profondeur.

1 – Hybride de Fixpen Singe

On aurait bien aimé assister à la réunion de Fixpen Singe quand ils ont imaginé leur clip:

« Vidji: Écoutez les gars, on a un gros son, un gros projet, alors on va faire un gros clip. Je veux qu’il n’y ait aucun sens.
Kéroué: on peut partir sur un clip à base de flingues en cartons et de gens qui sautent partout !
Caba: ouais, mais je tiens à ce qu’il y ait des fusées et que je puisse allumer un joint gigantesque en papier avec du feu qui sort de la main de Lomepal !
Lomepal: Je vous suis que si vous me laissez me faire tirer un concombre dans la bouche. »

C’est surement de cette façon qu’a été concocté ce cocktail explosif. Et le résultat de ce savant mélange de n’importe quoi occupe nécessairement la place numéro une de ce classement parce que, honnêtement, c’est de la folie pure.

Interviews Rappeurs

[Interview] Caballero x JeanJass : « Si ça ne paye pas, on fera autre chose ».

C’est à l’occasion du concert de Lomepal au Petit Bain le week-end dernier que nous avons pu nous entretenir avec Caballero et Jean Jass, les deux MC belges ayant fait le voyage de Bruxelles jusqu’à Paris pour soutenir leur pote et rapper quelques titres de leurs derniers EP respectifs. L’argent, le public rap, Jul… Entretien plein de lucidité avec deux rappeurs qui gardent la tête sur les épaules.

Salut les gars. Le voyage jusqu’en France s’est bien passé ? J’avais lu dans une interview que vous vous déplaciez en train et en covoiturage. C’est toujours le cas ?

Caballero : Plus en covoiturage qu’en train.

Jean Jass : On a plus ou moins essayé tous les modes de transports existants.

Caballero : Mais celui qui est finalement le plus resté, c’est le covoiturage.

Jean Jass : Quand t’es en petit nombre et que tu n’as pas le permis comme Arthur et moi, c’est la meilleure solution.

Jean Jass, ça me fait penser à ce que tu dis dans le freestyle JJnédit précédant la sortie de ton EP, « souvent mon père me parle de voiture, j’y pense chaque fois qu’il y a du monde à Charleroi Sud ».

Jean Jass : Ça donne une rime drôle, mais en vrai j’aimerais pouvoir rendre service à mes parents, tu vois ce que je veux dire. Donc en vrai il faudrait que je passe mon permis. Mais j’ai déjà la théorie (= le code en Belgique), attention.

Caballero, j’ai écouté ton dernier EP, Le pont de la Reine. Dans le titre éponyme, j’ai l’impression que tu expliques qu’aujourd’hui malgré des couplets d’anthologie, tu n’es pas récompensé financièrement en rapport avec le temps et la sueur que tu as mis dans ta musique.

Caballero : Exactement. Bah en fait avec Pont de la reine, j’ai voulu faire un morceau d’introduction qui explique ma pensée le mieux possible. Premièrement, Pont de la Reine, c’est la traduction littérale de Queensbridge (quartier de New-York). Donc ça parle de ma référence ultime dans le rap, que ce soit au niveau des ambiances, de la musicalité ou des artistes. Je voulais déjà rendre hommage à ça. Après, c’était aussi une grosse métaphore. Une sorte de ligne du temps avec le pont, et la reine qui est ma musique. C’est un peu mon aventure dans la musique. Si on arrive au bout sans que le pont s’effondre, on aura gagné. Et les gens vont kiffer ou pas, mais ce que je dis aussi, c’est que ce n’est pas uniquement Queensbridge comme ambiance. La ligne du temps, elle m’a fait rencontrer d’autres influences, d’autres choses que j’avais envie de tester. C’est pour ça que sur Mérité ou Relax, je me suis un peu écarté de ça. Je le dis dès le premier morceau, comme ça je m’en lave les mains.

Mais du coup, si tu penses ne pas arriver de l’autre côté du pont et réussir, tu penses arrêter le rap ?

Caballero : Bien sûr. Ça c’est sûr et certain. Je pense que les gens doivent vraiment se rendre compte de ça. Je te le dis à toi et il ne faut pas le prendre mal, mais ce n’est même pas une question qu’il faudrait poser au final. Si je ne gagne pas d’argent avec ça, qu’est-ce que tu veux que je fasse d’autre à part arrêter cette activité ?

Tu ne fais que du rap dans ta vie ?

Caballero : Je ne fais que ça. De toute façon, si tu entends autant parler de moi… Si tu fais ce boulot à mi-temps, c’est sûr que tu ne peux pas donner la même énergie. Si déjà en donnant toute ma force, Je n’arrive pas à en vivre, imagine si j’ai un taf à côté…

On entend pourtant certains artistes dire qu’ils cumulent deux activités en même temps.

Caballero : Tu peux. Mais on m’entendra beaucoup moins, on me verra beaucoup moins, j’aurais beaucoup moins le temps de faire des clips. C’est mathématique. Mais c’est bien finalement que tu poses cette question. Car c’est vraiment un truc que les gens devraient avoir en tête. Ils nous voient sur Youtube, etc. Mais nous derrière, c’est la galère. On essaye de survivre comme tout le monde. Ce n’est pas parce qu’il fait beau et qu’on est en Espagne dans un clip (ndlr le clip de Mérité) qu’après je rentre chez moi en Mercedes. Loin de là. Si ça ne paye pas, au bout d’un moment, j’irai faire autre chose. Après ce n’est pas pour ça que j’arrêterais à tout jamais. Mais c’est sûr que tu me verras dix fois moins.

Ce que tu dis, ça me fait aussi penser à ta phase « avant j’avais peur de crier faut de l’argent » de la track Pas De Refrain ». Est-ce que ça rejoint un peu cette idée ? Ton rapport à l’argent a évolué ?

Caballero : Ouais ça a évolué. Avant, j’étais plus naïf. Je me disais que je ne faisais pas ça pour l’argent en vrai, que j’allais juste embellir l’art de la musique. Mais quand ça fait longtemps que tu fais ça, au bout d’un moment…

Jean Jass : Tu pratiques ça comme un métier.

Tu t’es donc lancé dans le rap de façon spontané et un peu naïve, et aujourd’hui, tu découvres le revers de la médaille.

Caballero : Exactement. Au départ, tu te dis que ce n’est pas important l’argent. Mais le temps passe, et tu te dis qu’en fait si, c’est très important.

Jean Jass : C’est aussi important si tu veux un son de bonne qualité.

Caballero : Si tu veux payer un mix, un studio, un ingénieur-son qui vient, un gars qui fait ton clip… Tout est payé dans cette merde.

Jean Jass : Pont de la Reine, on l’a enregistré avec le Seize, et on l’a mixé nous-même. Avec les heures et l’amour qu’on a mis dedans, on a fait ça comme si on faisait un boulot de professionnel. Moi, je passe tellement de temps à enregistrer des gens et à faire des instrus, que si je n’ai pas un minimum de revenus financiers, je vais droit dans le mur. Moi j’ai exactement le même avis que lui sur la question. Après c’est juste que je n’ai pas ressenti le besoin d’en parler.