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Interviews Rappeurs

[Interview] Hippocampe Fou : « L’album est construit comme une sorte de voyage céleste »

On avait laissé Hippocampe Fou dans l’eau il y a deux ans. Aujourd’hui, le jeune homme a délaissé le monde de l’eau et son silence afin de tourner les yeux et les rêves vers le ciel. Céleste sort aujourd’hui et nous avons rencontré l’Hippocampe pendant l’été afin de parler de cette nouvelle réalisation. Respirez un …

Mes 5 films

[Mes 5 films] – Hippocampe Fou

On continue l’immersion dans le panthéon cinématographique des rappeurs avec Hippocampe Fou. Nous sommes tombés sur un bon client puisque ce doux dingue a étudié le cinéma à l’université. C’est donc un classement instructif qu’il nous propose. Son premier album °°Aquatrip°° est toujours disponible en physique & digital sur iTunes et à la Fnac. Et …

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[Interview] Hippocampe Fou : « Je commence à avoir une bonne synthèse de la forme et du fond. »

Tu peux nous raconter doù vient le mec derrière lhippocampe ?
La légende veut que je sois le fils de Poséidon et que j’aie grandi sous la mer. C’est la version officielle, celle que je donne en interview d’habitude. Mais en vrai, je suis juste un passionné de cinéma qui a suivi un parcours classique.

Tu aimes le cinéma depuis tout petit ?
Oui, c’était ma vraie première passion. La musique est venue plus tard. Je le précise parce que mon père est musicien et qu’on pense que ça vient naturellement. Mais non, j’étais à fond dans le ciné.

Donc tu arrives à la musique plus tard.
Exactement. Quand j’ai commencé mes études de ciné en fait. J’ai découvert le rap via Ghost Dog de Jim Jarmusch et ça a été un déclic. Dans ce film, il place la culture des films de mafieux, celle des samouraïs et le hip-hop au même niveau. Ça m’a tout de suite intrigué. Je retrouvais quelque chose dans les rythmiques et je me suis rendu compte que j’aimais vraiment ça.

Cest plutôt rare de voir un rappeur venir au rap tard. Généralement, ça prend à lenfance ou ladolescence puis on souvre à dautres cultures après.
J’aime le rap depuis longtemps mais je ne vais pas m’inventer une vie, le rap n’a jamais été pour moi une porte de sortie ou une manière d’extérioriser des frustrations.

C’était bien lidée de ma question, cest peut-être le signe dun changement d’époque.
J’ai commencé à écrire et à m’intéresser au rap quand TTC, La Caution etc. ont commencés à sortir. Ça n’a rien à voir avec eux mais c’était le début d’un courant alternatif. Il y avait aussi Java, d’ailleurs. Donc pour moi, c’était déjà possible et envisageable de faire du rap qui parle de tout et n’importe quoi.

On pouvait déjà sortir de l’étiquette quartier si on fouillait un peu.
Voilà, tu pouvais t’éloigner des codes. Après, il y a eu l’essor de ce gangsta-rap au cours des années 2000 qui ne me parlait pas du tout. C’était trop froid, même au niveau des productions. On dirait l’ancêtre de la trap mais sans ce côté bounce qu’il peut y avoir maintenant.

Cest étrange parce que le rap racailleux des années 2000, hormis quelques albums, est rejeté presquen bloc maintenant alors quil a vraiment phagocyté le mouvement à une époque.
C’est vrai. Mais je respecte tous les artistes et tous les genres musicaux. Pourquoi on pourrait faire du rap un peu étrange et marrant et pas du gangsta rap ? Mais c’est vrai qu’on ne voyait que ça à une époque et c’est vraiment resté ancré dans l’opinion publique.

Puisquon parle des années 2000, je crois savoir que tu es venu au rap par le slam.
Oui, mes premiers textes étaient des a cappella dans des soirées slams. Je me testais et je faisais des flows déjà rapides. C’est un bon galop d’essai parce que tu vois tout de suite ce qui marche ou non. Je refais des soirées slams maintenant et ça me met une pression que je n’avais pas avant. Je fonctionne par période. Parfois je bosse le fond : j’ai besoin de défendre mon univers et de développer mon discours. Puis après tu vas te prendre une claque d’un rappeur et tu vas te rappeler que le flow est à la base du genre. Donc tu vas partir sur des textes à flow très technique. Le but, c’est d’arriver à allier le fond et la forme.

Cest une émulation perpétuelle.
C’est ça. Je sais que j’ai progressé, je commence à avoir une bonne synthèse des deux. En live, il y a des moments où je suis dans la technique pure et les gens crient. Ils apprécient l’exercice comme un batteur qui ferait un solo. C’est jouissif comme sensation. Sur mes nouveaux aqua-shows, je veux faire la même chose mais en offrant plus de thèmes et des morceaux plus calmes par moment.

Lavantage dun texte très technique, cest quil nécessite plusieurs écoutes pour lappréhender correctement.
Oui mais pour faire ce genre de textes, il faut bien sélectionner ses syllabes. Certaines sont bannies tout simplement parce qu’elles sont très dures à prononcer rapidement. Alors tu choisis des consonnes faciles à enchainer et forcément tu ne peux plus dire ce que tu veux. Tu es tributaire de l’enchaînement des sonorités.

Tout en gardant une certaine musicalité quand même. Cest Orelsan qui disait que « si tas du flow et pas dparoles, tu seras jamais plus fort que Scatman ».
A l’heure actuelle, des gars comme lui et Stromae sont vraiment au-dessus du lot. Ils ont réussi à aller au-delà du rap sans faire dans le niais. Il y a quelque temps, j’avais envie d’aller voir Orelsan et de lui dire « tas vu, jarrive à rapper super vite et en plus jai des paroles. » Mais c’est pas mal aussi de faire des textes sans prouesse technique, juste pour le texte. C’est là où Orel est fort, il n’y a pas d’esbroufe chez lui. Il ne se cache pas derrière sa technique.