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Actus Une semaine de rap français

Une semaine de rap français : du 7 au 11 novembre

Alors que le monde entier a été accaparé par la tonitruante semaine d’élection présidentielle américaine – permettant aux jeunes Charlie et autres experts facebookiens en géopolitique de se prononcer sur le sujet  – le rap français a encore fait parler de lui. Entre exclus, nouveaux sons et grosse(s) sortie(s) d’albums, retour sur une semaine aussi chargée qu’une bonne kalash. Lundi …

Interviews Rappeurs

[Interview] Lomepal « Sur Majesté j’avais envie de m’amuser, et que l’auditeur y prenne plaisir »

Si une chose est sûre à propos de Lomepal, c’est qu’il ne chôme pas. Après 2 projets sortis en 2013 – Cette Foutue Perle et Le Singe Fume Sa Cigarette en featuring avec Caballero – il a sorti Seigneur et Majesté cette année, à 6 mois d’intervalle. Doté d’une précision mathématique, Lomepal possède un univers …

Sélections Tops

Les 10 meilleurs clips de 2014

Il arrive un peu en retard, on en est désolés. On pensait que le quart d’heure de courtoisie était légèrement démodé, alors on a opté pour les 3 semaines de nonchalance. Mais il est là, tout chaud, tout frais, livré pour vous. Comme à notre habitude, on s’est battus corps et âme pour vous offrir un panel des plus représentatifs possibles. On avait d’autres groupes dans le viseur, (mal)heureusement évincés par d’autres, qui ont fourni un travail plus approfondi, plus soigné. On espère que ce top ne plaira pas à tout le monde, que vous nous donnerez vos avis, que vous nous suggérerez d’autres idées, d’autres clips qui auraient pu avoir leur place ici. Nous, en tout cas, on a fait notre choix. Le voilà.

10 – Anticlubbing de l’Asocial Club

Selon la rédaction, l’Asocial Club a réalisé le meilleur album de l’année. Voir la clique à Casey réunie sur un seul et unique projet était jouissif. Mais quand elle nous offre en plus un clip aux allures de court-métrage, dans lequel ils se foutent ouvertement du lieu dans lequel ils filment, on ne peut que valider !

 9 – TV de Gael Faye

« Je suis prisonnier de mes chaînes parce qu’ici la télé commande !« . Le talent de Gaël Faye pour frapper fort avec les mots n’est plus à présenter, mais cette fois, ce sont aussi les images accompagnant la voix du picaflore qui effacent tout désir de zapper ! Avec le clip illustrant ce titre inédit, Gaël Faye retrouve ses yeux d’enfant devant les programmes qui défilent, retournant vers ses souvenirs lointains parfois similaires aux nôtres lorsque « la mondovision canapé transforme le globe en un village« . Tranches de vie reflétées dans un écran, entre ouverture sur le monde et traitement de l’information déshumanisé, le regard est juste et en croise surement des milliers d’autres qui se reconnaîtront. « Le poids des mots, le choc des images » en moins de 4 minutes !

8 – M. Tout le monde de Bigflo et Oli

Du haut de leur 21 et 17 ans, les deux frères et emcees Big Flo et Oli ont vu leur notoriété se déployer en 2014, par leur incroyable justesse et leur fraîcheur. Ils ont ainsi clippé Monsieur Tout le Monde, avec Julien Hosmalin à la réalisation, et touché du bout des doigts le million de vues sur Youtube. La force de ce storytelling, sombre et infiniment réaliste, passe avant tout par un casting rayonnant avec un Kyan Khojandi très convaincant en mec banal qui pète une quille, se retrouvant à l’origine d’un drame familial incontrôlable.

7 – Shoote un ministre de Vald

Vald doit avoir un leitmotiv inconscient: une polémique par clip. Après avoir retourné le net et les associations pour l’intégration des autistes dans la société avec son clip et sa chanson brillamment intitulés Autiste, Vald est revenu en force avec ce son tout à fait renversant. Et le clip est tout à fait à la hauteur de la musique… et surtout du personnage ! On le voit trimballer un ministre mort à travers Paris sur une chaise roulante et rien ne semble pouvoir l’en arrêter, tant il est habité par ses idées: tu feras peut-être quelque chose de bien poto, shoote un ministre ! Quand Mehdi, de l’abcdrduson, lui a demandé lors de son émission, si il était fou, Sullyvan a nié. Je reste persuadé qu’il se trompe sur son propre état. La caractéristique principale de la folie, en somme.

6 – L’art raffiné de l’ecchymose de Lucio Bukowski et Nestor Kea

Ça doit être rageant pour les autres rappeurs: nous tenons ici un homme qui nous fait vibrer à chaque nouveau projet et qui, en plus de ça, arrive à innover en amenant un vrai concept inédit quand il décide de donner vie à ses chansons. Le clip du chef d’œuvre L’art raffiné de l’ecchymose est une véritable métaphore de l’empreinte du temps sur l’homme. Mélangeant l’art de la sculpture à celui du film et du rap, Lucio nous livre ici une façon encore inexplorée de la manière avec laquelle le temps façonne l’homme: le temps nous construit à sa guise, avec son lot d’aléa, de ratés et de bonheurs, avant de nous faire disparaître pour donner vie aux futures générations. Même si ce clip n’est pas divertissant au possible, la façon avec laquelle il traite son sujet est digne des plus grands artistes contemporains, club auquel est déjà inscrit Lucio depuis bien longtemps.

5 – Je Veux Te Baiser d’Odezenne

Odezenne fait partie de ces artistes qui avancent en hors-piste sur les descentes du rap français. Un style propre, assumé, unique, inédit. Les morceaux d’Odezenne sont des échappatoires poétiques rythmés par une symphonie tantôt douce et calme, tantôt haletante. Comme une transplantation de Cocoon dans le rap, la littérature d’O2N appelle à la reconsidération de la nature originelle de nos êtres, nous conduisant à la recherche du bonheur là où il se trouve réellement, et non dans les codes sociaux imposés par la société. C’est dans cette perspective merveilleuse qu’a été réalisé le clip de Je veux te baiser, où la poésie métaphorique du texte, la montée en puissance de l’instrumental et l’esthétique du clip contrastent avec la vulgarité apparente du titre.

4 – Suicide Commercial de Lino

Dans une perspective symbolique encore rarement atteinte, monsieur Borsalino a clipé une pépite digne héritière de toutes les influences dont il nous fait part dans ses paroles. Entre références cinématographiques (scène finale de La Haine de Kassovitz; la scène des échecs du film de Bergman Le Septième Sceau etc), musicales (Stevie Wonder, Patrick Bruel) ou littéraires (référence directe à Boris Vian en disant J’irai pisser sur vos tombes), la moitié du tandem mythique nous offre un condensé jouissif de punchparagraphes. Il a même su s’entourer de quelques pointures du « hip-hop » français en les personnes de Vald, Tunisiano, Sofiane et Kassovitz qui viennent appuyer ces quelques minutes de coup de poings visuels et, accessoirement, auditifs.

3 – Time BOMB de Nekfeu

Il y a peu, nous avons eu le droit à Deen postiché aux côtés de JP Manova pour le clip de ce dernier: l’ancien reconnaissait le nouveau. Un peu plus tard dans l’année, on a vu Nekfeu poser avec, entre autres, les X et Oxmo: le nouveau rendant hommage aux anciens. Et quel hommage ! Dans un clip aux vibes décidément old school, dans tous les sens du termes (que ce soit au niveau des images, du montage, ou même de ce grain plastique reconnaissable entre tous), Nekfeu a magnifiquement remis Time Bomb au goût du jour, en nous offrant, toujours à sa manière détonante, un panel représentatif de ses plus grandes sources d’inspiration. C’est au bout de clip que le fennec est allé puiser dans le passé, que la nostalgie nous envahit: ah, si Time Bomb n’avait pas explosé…

2 – 06h16 – Des histoires à raconter des Casseurs Flowters

Orel et Gringe sont les Casseurs Flowters. Un an et 60 000 exemplaires vendus plus tard, leur clip  06h16 – Des histoires à raconter est enfin sorti. Dernier track de l’album mais surtout conclusion d’un quotidien désordonné sous alcool, ce morceau sombre et introspectif ne se destinait pas à un clip à la hauteur de Bloqué ou Change de pote. Pourtant, c’est de la mélancolie qu’émerge cette claque visuelle, réalisée par le duo plus que talentueux Greg et Lio. Ce petit film nourri aux délicats effets spéciaux, accompagné de sa mélodie moderne est une énième preuve du talent des deux rappeurs, entre inventivité, créativité, simplicité et profondeur.

1 – Hybride de Fixpen Singe

On aurait bien aimé assister à la réunion de Fixpen Singe quand ils ont imaginé leur clip:

« Vidji: Écoutez les gars, on a un gros son, un gros projet, alors on va faire un gros clip. Je veux qu’il n’y ait aucun sens.
Kéroué: on peut partir sur un clip à base de flingues en cartons et de gens qui sautent partout !
Caba: ouais, mais je tiens à ce qu’il y ait des fusées et que je puisse allumer un joint gigantesque en papier avec du feu qui sort de la main de Lomepal !
Lomepal: Je vous suis que si vous me laissez me faire tirer un concombre dans la bouche. »

C’est surement de cette façon qu’a été concocté ce cocktail explosif. Et le résultat de ce savant mélange de n’importe quoi occupe nécessairement la place numéro une de ce classement parce que, honnêtement, c’est de la folie pure.

Interviews

[Interview] Lomepal : « La solitude est un thème de prédilection. »

On avait déjà rencontré Lomepal l’année dernière. Il vient de sortir son nouvel EP Seigneur. Légèrement différent des précédents projets, le rappeur y explore le côté sombre de son univers. Il nous en a dit plus autour d’un Long Island.

Tu disais l’année dernière dans une interview que tu prenais une nouvelle direction. Est-ce le cas pour Seigneur ?
Je trouve que dans La Perle je ne prenais pas trop de risques. Je me doutais que mon public allait suivre parce que c’était dans la même direction. En réalité, Meyso est presque un des meilleurs dans ce style donc je savais que je ne pouvais que renforcer la base fan que j’avais, qui aimait ce style. D’une, je n’avais pas envie de refaire le même projet. C’est normal. Et de deux, en toute honnêteté, je m’intéresse à d’autres courants musicaux et à d’autres styles dans le rap. Ça me plait et j’ai envie de faire ce qu’il me plait. Donc, c’est sûr que ce que je vais sortir change beaucoup de ce que je faisais avant. Il y a encore des trucs qui restent dans la même vague, c’est sûr car ça reste moi. Mais j’avais envie de me faire plaisir. C’est ce que je sentais. Je ne vois pas l’intérêt de me forcer à faire ce que les gens attendent. Je vais continuer comme ça de toute manière. Mes projets seront toujours différents. Si il y en a qui plaisent plus que d’autres, c’est normal, c’est la vie.

Tu n’as pas peur de troubler ton auditoire ?
Je pense que chaque projet a son public. Ce qui est plus délicat avec celui-là, c’est qu’il risque de ne pas faire l’unanimité. Il va devoir se battre pour conquérir de nouveaux auditeurs. Ce n’est pas dans le sens où j’ai envie de délaisser mon public mais je comprendrais qu’il ne soit pas tous attachés à ce projet qui est quand même très sombre et assez agressif. J’espère juste que les gens qui apprécient ce style-là vont me découvrir. Ils existent beaucoup de gens qui n’aimaient pas ce que je faisais avant ou qui y était un peu indifférents. C’était un peu mou, un peu trop linéaire et ça ne parle pas à tout le monde. Avec ce qui me plait maintenant, j’espère faire changer d’avis ces gens-là. Leur montrer que je sais aussi faire ça mais sans délaisser les autres.  J’ai envie qu’ils comprennent que c’est toujours moi, que je fais ce que je veux. Et surtout, ça ne reste que des EP. Quand tu commences à faire un album, il faut que tu ailles vers quelque chose d’éclectique. Mais vu que ce sont des EP, ce sont des petites histoires donc on fait un peu ce qu’on veut. C’est bien de se mettre dans un trip à fond.

Quel est le virage de cet EP justement ?
Sur la moitié des prods, le BPM est plus lent. Sur La Perle, ça tournait autour de 90. C’était vraiment ce qu’on appelle vulgairement du boom-bap. La moitié des prods est descendu à 70 BPM. Au niveau de l’écriture, on est dans ce qu’Alpha appelle du double time. C’est à dire que tu te retrouves dans un BPM tellement lent que tu peux soit le doubler, soit t’adapter. Pour être plus clair, soit tu suis les temps donc tu ralentis complètement ton flow, soit là où tu aurais placé une syllabe, tu en places deux. Je fais un peu les deux. Comme sur le morceau La Chute Libre, je joue avec les deux vitesses.

Dans l’interview que tu nous avais accordé, tu parlais de trois forces : le sens, la technique et le style. Tu es toujours d’accord ?
C’est marrant, je ne me souviens plus de ça. Oui c’est toujours d’actualité. Techniquement, j’estime être resté à peu près à mon niveau, même si c’est vrai que parfois j’ai l’impression d’avoir suffisamment acquis de technique pour pouvoir m’en servir quand j’en ai envie. Je suis moins menotté. Si jamais je dois faire des concessions, je les fais mais c’est toujours un plaisir de bien rimer. En termes d’écriture, ce que je raconte est plus thématique, même si ce n’est pas vraiment le mot. J’essaie de vraiment raconter des choses. La grosse différence entre ces deux projets, c’est que sur le dernier, je pouvais freestyler les textes, et là je ne peux pas. Ça n’aurait aucun sens. Là, les textes sont indissociables de leur instru. C’est une grosse différence.

Donc tu l’as composé différemment ?
Oui, j’ai vraiment écrit sur les instrus. Alors que ce n’était pas forcément le cas avec Meyso. J’ai voulu qu’il y ait une bonne cohérence. J’ai essayé de ne faire que des morceaux. Il n’y a vraiment aucun freestyle, sauf dans le bonus que j’ai rajouté sur Itunes où j’ai essayé de faire un patchwork de rimes. Donc, dans l’écriture et la technique je dirais que c’est la même intensité. Après dans le style, je ne peux pas me juger moi-même. C’est subjectif.

Comment ça subjectif ? Tu as ton style.
Oui j’ai mon style mais la façon de le percevoir est subjective. Pour certaines personnes, je vais avoir du style et d’autres ne vont pas comprendre. Je dirais que ces trois forces, on les retrouve à la même intensité, mais dans des mondes différents. Ce projet aura des avis plus tranchés. Il y a des morceaux qui vont plaire ou être détester. Il va moins laisser indifférent. J’attends de voir, je ne suis plus très objectif sur ce projet.

Interviews

[Interview] Fixpen Singe : « A priori, cette union est éphémère. »

A l’occasion d’une tournée inédite, les emcees Vidji, Kéroué, Lomepal , Caballero et le beatmaker Meyso reconverti en DJ pour l’occasion, ont décidé de monter ensemble sur scène  sous le nom de Fixpen Singe. Pour ceux à qui leurs noms ne disent rien, nous sommes allés à leur rencontre le 29 mars à Marseille  pour leur poser quelques questions. (Une interview plus exhaustive se trouve chez Le Bon Son) (suite…)