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Sélections Tops

Nos 10 beatmakers préférés de 2014

C’est le top que personne n’attend jamais alors que c’est probablement celui qui provoque le plus de hochement de tête. On clôture notre série de top 10 avec celui réservé aux beatmakers. Contrairement aux idées reçues qui ont parfois la peau bien dure, le hip-hop français regorge de beatmakers talentueux. En fait, l’hexagone en possède tellement qu’on pourrait constituer autant de dream team de producteurs qu’il y a de d’équipes valables en Ligue 1. Partant de ce constat, on a sélectionné notre équipe type de producteurs. Ceux qui selon nous ont marqué l’année. On s’est même amusé jusqu’au bout et on a comparé ces producteurs à des joueurs de football. Oscillant entre comparaison étrangement juste et comparaison franchement foireuse, ce top se veut avant tout éclectique. On attend vos avis avec impatience…

 10 – La Fine Equipe ou l’outsider qu’on était obligé de placer (Olympique Lyonnais)

Flavien Prioreau
Flavien Prioreau

Cela fait maintenant plusieurs années que La Fine Équipe régale avec ses sorties estampillées La Boulangerie. La Fine équipe, c’est ce quatuor composé de Uugo, Chomsk’, Blanka et Mr Gib qui retourne régulièrement les salles de concert hexagonale à coup de set ravageur. L’écoute du troisième opus de la série sorti en fin d’année ne fait que confirmer notre impression, à savoir que cette équipe est juste incontournable. Mélange de beat hip-hop et d’influence électronique notamment , le style de la Fine Équipe n’est pas à proprement parler un son de puriste. Certains trouveront d’ailleurs incongru de les trouver dans ce top. Si le style est évidemment moins académique, il représente une tendance du hip hop instrumental qui devait être représenté. De plus, la propension à fracasser des nuques ne pouvait que nous inciter à les placer. D’autant que La Boulangerie 3 a prouvé que La Fine Équipe s’était bien installé parmi les meilleurs beatmakers hexagonaux.

9 – INCH ou la confirmation du talent brut (Paul Pogba)

inch

INCH avait marqué les esprits avec son travail avec Le Gouffre. Résumer son travail à cette collaboration, c’est oublier sa présence de toutes les instants au sein de la scène hip-hop indépendante. Ainsi, beaucoup d’entre nous hochent frénétiquement la tête sur des morceaux estampillés INCH sans le savoir. Pour combler cette ignorance, INCH a sorti cette année la mixtape Ni sain, ni sauf regroupant certaines de ces meilleurs prods’ et une poignée d’inédit. Baffe assuré tant le talent du beatmaker est grand. Avec son style puissant dont émane pourtant un groove délicieux, INCH fait le bonheur des MC avec lequel il travaille. Un nom dont on devrait entendre encore parler…

 8 – Jim ou la boucle élégante (Andréa Pirlo)

instrumental escape jim

Discret mais prolifique, l’ami Jim a bien failli ne jamais entrer dans ce top. Cela aurait été dommage car si Jim ne fait pas beaucoup de bruit, son travail s’en charge. Ces productions soignées pour Dooz Kawa et ces multiples projets à fortes influences cinématographiques faisaient déjà de lui un concurrent sérieux. On pense notamment au projet avec Fizzi Pizzi intitulé Jazz, Romance et Coup de feu où ces productions jazzy faisaient systématiquement mouche. C’est pourtant Instrumental Escape qui lui permet d’asseoir définitivement sa place dans notre classement. Album aérien aux boucles épurées, Instrumental Escape est peut être le plus bel album instrumental hip-hop de l’année. Jetez une oreille sur Shaolin Stomp ou When The Sun disappear pour vous faire une idée. Une réussite !

 7 – Thérapy, le taulier qu’on adore détester (Cristiano Ronaldo)

therapy

Le nom est partout et il semble difficile de lui échapper. Meilleur représentant d’une tendance lourde du rap français à s’approprier le son Dirty South, Therapy occupe le devant de la scène avec ses prods’ pour Kaaris notamment
On aime ou on déteste le style mais force est de constater que dans son genre, Therapy représente le haut du panier avec un son puissant et très propre. On a hésité avec un Richie Beats, étoile montante du beatmaking  mais le nom de Therapy a une trop grosse résonance pour être ignoré. Taulier !

 6 – Oster Lawpass, l’homme orchestre (Juan Roman Riquelme)

osterlapwass

Dire qu’on apprécie L’Animalerie est un doux euphémisme. Sachant cela, il était difficile pour nous d’omettre le nom d’Oster Lapwass dans ce top. Beatmaker historique du collectif lyonnais, Lapwass est en terme de talent un des meilleurs beatmaker français. Sa curiosité naturelle le pousse à sans cesse explorer des horizons musicaux toujours plus divers.Jazz, Rock, son psyché. Lapwass transforme tout et n’importe quoi en beat hip-hop de qualité. Et ça, on aime ! Cette qualité alliée à sa capacité à toujours proposer des sons taillés pour les artistes avec lesquels il travaille ont grandement contribué au succès d’estime croissant de l’Animalerie. Même si l’année 2014 a vu l’émergence d’autres producteurs phare au sein du collectif, Lawpass reste LE pilier d’un des collectifs les plus frais du rap français. Rien que pour ça, on devait le citer.

 5 – Kreapton, le faux rookie (Didier Drogba)

L'Asile Oulan-Bator

Si L’Asile a obtenu une 7ème place mérité dans notre top album, on en oublie pas pour autant Kreapton, le beatmaker associé au groupe. En prenant en charge la majorité des compositions, il a frappé un grand coup à nos oreilles.Son style boom bap et ces kicks appuyés sur la majorité des pistes d’Oulan Bator épouse parfaitement les flows désabusés de nos amis bretons. Mais même seul, Kreapton fait le boulot comme en témoigne Luthor, son morceau solo sur l’album. Ce style, Kreapton a pris le temps de le bosser entre compétitiosn de beatmaking et productions sur des projets indépendants. Autant dire que même si nous le découvrons uniquement maintenant, le gaillard a déjà un petit peu d’expérience. 2015 année de l’explosion ?

 4 – Haymaker, le prodige (Drazen Petrovic)

rhum vieux amour nautilus

Animalerie toujours ! On a eu beau tourner le problème dans tous les sens, on ne voyait pas comment éviter de citer au moins deux producteurs de l’Animalerie dans ce top.On aurait par exemple pu citer Nestor Kéa. Notre choix s’est porté sur Haymaker. Presque fatalement. Si on l’a choisi, c’est qu’il aura traversé l’année avec un quasi sans faute tout en étant très productif. Entre album instrumental génial – Rhum vieux, amour et Nautilus – et production léchée pour son pote Lucio Bukowski, le lyonnais nous aura mis claque sur claque. Le pire dans tout cela, c’est qu’on en redemande.

 3 – Aelpeacha, l’homme à tout (bien) faire (Philipp Lahm)

stcavie

On aurait pu le mettre dans chacun de nos tops tellement le type fait le job. On a choisi de le placer dans notre top beatmakers et sa place sur le podium ne souffre d’aucune contestation. Musicalement, quand un mec arrive à te convaincre que la ligne D du RER est l’équivalent de l’Interstate 405 en Californie, c’est qu’il a un minimum de talent. Avec un son brulant et ces claviers so west coast, Aelpeacha a son propre univers. Peu de beatmakers peuvent se targuer d’une telle maitrise dans le genre et chacun de ces projets semble couronné de réussite. Cette année, il a remis le couvert avec STC à vie. Un projet digne de ses standards et donc suffisant pour un podium.

 2 – Mani Deiz / Kids of crackling (Xavi / Barça)

manideiz

Talentueux, productif et addictif. Voilà comment résumer Mani Deiz à quelqu’un qui ne le connait pas. Nous parlons là d’une valeur sure du beatmaking français qui démontre son talent projet après projet. Son amour immodéré pour le boom bap et le digging nous rend le personnage encore plus sympathique. On pense notamment aux Cassettes Sunday où l’on retrouve également les membres de Kids Of Crackling. La transition se veut toute trouvée puisque plus que Mani Deiz, c’est le crew entier que nous voulions mettre en avant avec cette deuxième place. Fef, Rakma, Cristo et Métronom et Nizi qui sont les autres membres, sont également très actifs.

  1 – Meyso (Javier Pastore)

meyso

Même avec la meilleure volonté du monde, un classement est forcément subjectif. On l’assume clairement en mettant Meyso tout en haut de ce top. Pourquoi lui plutôt qu’un autre? Aucun argument ne sera jamais véritablement convaincant. La vérité, c’est qu’on aime écouter Meyso comme on regarde un joueur de foot spectaculaire. Il transcende les clivages et s’impose par son esthétique classieuse. Meyso est de cette catégorie de beatmaker avec lesquels la moindre production procure une émotion de manière assez inexplicable. Pour se cacher derrière une argumentation plus élaboré et objective, on dira qu’ on a pu entendre son boom bap raffiné du côté de chez Lomepal ou Cabellero. On dira surtout qu’on l’a vu briller au sein du projet Kapla au côté d’Oteest, Maodea et Mr Hone. LP conçu à huit mains et quatre personnalités, Kapla est à nos oreilles l’album instrumental hip-hop qui a marqué l’année 2014 dans l’hexagone.

Sélections Tops

Les 10 meilleurs clips de 2014

Il arrive un peu en retard, on en est désolés. On pensait que le quart d’heure de courtoisie était légèrement démodé, alors on a opté pour les 3 semaines de nonchalance. Mais il est là, tout chaud, tout frais, livré pour vous. Comme à notre habitude, on s’est battus corps et âme pour vous offrir un panel des plus représentatifs possibles. On avait d’autres groupes dans le viseur, (mal)heureusement évincés par d’autres, qui ont fourni un travail plus approfondi, plus soigné. On espère que ce top ne plaira pas à tout le monde, que vous nous donnerez vos avis, que vous nous suggérerez d’autres idées, d’autres clips qui auraient pu avoir leur place ici. Nous, en tout cas, on a fait notre choix. Le voilà.

10 – Anticlubbing de l’Asocial Club

Selon la rédaction, l’Asocial Club a réalisé le meilleur album de l’année. Voir la clique à Casey réunie sur un seul et unique projet était jouissif. Mais quand elle nous offre en plus un clip aux allures de court-métrage, dans lequel ils se foutent ouvertement du lieu dans lequel ils filment, on ne peut que valider !

 9 – TV de Gael Faye

« Je suis prisonnier de mes chaînes parce qu’ici la télé commande !« . Le talent de Gaël Faye pour frapper fort avec les mots n’est plus à présenter, mais cette fois, ce sont aussi les images accompagnant la voix du picaflore qui effacent tout désir de zapper ! Avec le clip illustrant ce titre inédit, Gaël Faye retrouve ses yeux d’enfant devant les programmes qui défilent, retournant vers ses souvenirs lointains parfois similaires aux nôtres lorsque « la mondovision canapé transforme le globe en un village« . Tranches de vie reflétées dans un écran, entre ouverture sur le monde et traitement de l’information déshumanisé, le regard est juste et en croise surement des milliers d’autres qui se reconnaîtront. « Le poids des mots, le choc des images » en moins de 4 minutes !

8 – M. Tout le monde de Bigflo et Oli

Du haut de leur 21 et 17 ans, les deux frères et emcees Big Flo et Oli ont vu leur notoriété se déployer en 2014, par leur incroyable justesse et leur fraîcheur. Ils ont ainsi clippé Monsieur Tout le Monde, avec Julien Hosmalin à la réalisation, et touché du bout des doigts le million de vues sur Youtube. La force de ce storytelling, sombre et infiniment réaliste, passe avant tout par un casting rayonnant avec un Kyan Khojandi très convaincant en mec banal qui pète une quille, se retrouvant à l’origine d’un drame familial incontrôlable.

7 – Shoote un ministre de Vald

Vald doit avoir un leitmotiv inconscient: une polémique par clip. Après avoir retourné le net et les associations pour l’intégration des autistes dans la société avec son clip et sa chanson brillamment intitulés Autiste, Vald est revenu en force avec ce son tout à fait renversant. Et le clip est tout à fait à la hauteur de la musique… et surtout du personnage ! On le voit trimballer un ministre mort à travers Paris sur une chaise roulante et rien ne semble pouvoir l’en arrêter, tant il est habité par ses idées: tu feras peut-être quelque chose de bien poto, shoote un ministre ! Quand Mehdi, de l’abcdrduson, lui a demandé lors de son émission, si il était fou, Sullyvan a nié. Je reste persuadé qu’il se trompe sur son propre état. La caractéristique principale de la folie, en somme.

6 – L’art raffiné de l’ecchymose de Lucio Bukowski et Nestor Kea

Ça doit être rageant pour les autres rappeurs: nous tenons ici un homme qui nous fait vibrer à chaque nouveau projet et qui, en plus de ça, arrive à innover en amenant un vrai concept inédit quand il décide de donner vie à ses chansons. Le clip du chef d’œuvre L’art raffiné de l’ecchymose est une véritable métaphore de l’empreinte du temps sur l’homme. Mélangeant l’art de la sculpture à celui du film et du rap, Lucio nous livre ici une façon encore inexplorée de la manière avec laquelle le temps façonne l’homme: le temps nous construit à sa guise, avec son lot d’aléa, de ratés et de bonheurs, avant de nous faire disparaître pour donner vie aux futures générations. Même si ce clip n’est pas divertissant au possible, la façon avec laquelle il traite son sujet est digne des plus grands artistes contemporains, club auquel est déjà inscrit Lucio depuis bien longtemps.

5 – Je Veux Te Baiser d’Odezenne

Odezenne fait partie de ces artistes qui avancent en hors-piste sur les descentes du rap français. Un style propre, assumé, unique, inédit. Les morceaux d’Odezenne sont des échappatoires poétiques rythmés par une symphonie tantôt douce et calme, tantôt haletante. Comme une transplantation de Cocoon dans le rap, la littérature d’O2N appelle à la reconsidération de la nature originelle de nos êtres, nous conduisant à la recherche du bonheur là où il se trouve réellement, et non dans les codes sociaux imposés par la société. C’est dans cette perspective merveilleuse qu’a été réalisé le clip de Je veux te baiser, où la poésie métaphorique du texte, la montée en puissance de l’instrumental et l’esthétique du clip contrastent avec la vulgarité apparente du titre.

4 – Suicide Commercial de Lino

Dans une perspective symbolique encore rarement atteinte, monsieur Borsalino a clipé une pépite digne héritière de toutes les influences dont il nous fait part dans ses paroles. Entre références cinématographiques (scène finale de La Haine de Kassovitz; la scène des échecs du film de Bergman Le Septième Sceau etc), musicales (Stevie Wonder, Patrick Bruel) ou littéraires (référence directe à Boris Vian en disant J’irai pisser sur vos tombes), la moitié du tandem mythique nous offre un condensé jouissif de punchparagraphes. Il a même su s’entourer de quelques pointures du « hip-hop » français en les personnes de Vald, Tunisiano, Sofiane et Kassovitz qui viennent appuyer ces quelques minutes de coup de poings visuels et, accessoirement, auditifs.

3 – Time BOMB de Nekfeu

Il y a peu, nous avons eu le droit à Deen postiché aux côtés de JP Manova pour le clip de ce dernier: l’ancien reconnaissait le nouveau. Un peu plus tard dans l’année, on a vu Nekfeu poser avec, entre autres, les X et Oxmo: le nouveau rendant hommage aux anciens. Et quel hommage ! Dans un clip aux vibes décidément old school, dans tous les sens du termes (que ce soit au niveau des images, du montage, ou même de ce grain plastique reconnaissable entre tous), Nekfeu a magnifiquement remis Time Bomb au goût du jour, en nous offrant, toujours à sa manière détonante, un panel représentatif de ses plus grandes sources d’inspiration. C’est au bout de clip que le fennec est allé puiser dans le passé, que la nostalgie nous envahit: ah, si Time Bomb n’avait pas explosé…

2 – 06h16 – Des histoires à raconter des Casseurs Flowters

Orel et Gringe sont les Casseurs Flowters. Un an et 60 000 exemplaires vendus plus tard, leur clip  06h16 – Des histoires à raconter est enfin sorti. Dernier track de l’album mais surtout conclusion d’un quotidien désordonné sous alcool, ce morceau sombre et introspectif ne se destinait pas à un clip à la hauteur de Bloqué ou Change de pote. Pourtant, c’est de la mélancolie qu’émerge cette claque visuelle, réalisée par le duo plus que talentueux Greg et Lio. Ce petit film nourri aux délicats effets spéciaux, accompagné de sa mélodie moderne est une énième preuve du talent des deux rappeurs, entre inventivité, créativité, simplicité et profondeur.

1 – Hybride de Fixpen Singe

On aurait bien aimé assister à la réunion de Fixpen Singe quand ils ont imaginé leur clip:

« Vidji: Écoutez les gars, on a un gros son, un gros projet, alors on va faire un gros clip. Je veux qu’il n’y ait aucun sens.
Kéroué: on peut partir sur un clip à base de flingues en cartons et de gens qui sautent partout !
Caba: ouais, mais je tiens à ce qu’il y ait des fusées et que je puisse allumer un joint gigantesque en papier avec du feu qui sort de la main de Lomepal !
Lomepal: Je vous suis que si vous me laissez me faire tirer un concombre dans la bouche. »

C’est surement de cette façon qu’a été concocté ce cocktail explosif. Et le résultat de ce savant mélange de n’importe quoi occupe nécessairement la place numéro une de ce classement parce que, honnêtement, c’est de la folie pure.

Sélections Tops

Les 10 meilleurs featurings de 2014

2014 fut aussi l’année des featurings de haut vol. Quasiment tous les mcs du game se sont prêtés au jeu avec plus ou moins de succès et nous en avons retenu dix qui ont fait l’unanimité chez nous avec forcément beaucoup de subjectivité. Et si vous en voulez plus, Captcha Mag a aussi fait les choses bien pour vous.

10 – Mongoldorak remix de Alkpote feat Sidi Sid, Zekwe, Zesau, Jeff le nerf, Aketo, 25g, Bolo, Neoklash, Rcp, Kmaze.

Mongoldorak fait partie de ces sons dérangeant, du genre à faire loucher sur ses enceintes en se demandant si les mecs sont sérieux. Une fois qu’on comprend que non, on se prend facilement à bouger la tête comme un ahuri, rire sur les phases les plus nulles de 25g, faire la grimace sur celles d’Alk ou Sidisid ou encore répéter les gimmicks ultra-efficaces (lancer des « Mongoldorak !» en bougeant la tête nerveusement, rien de tel pour se faire une place dans le métro). Un gros feat sous forme de plaisir inavouable, bourré de références, d’egotrip et de rimes étranges comme on les aime pour se vider la tête.

9 – Ma bite et ma voix de Missak feat. Demi P, Lucio, Liqid, Ethor Skull, Nekfeu, Dico, Doc Brown, Georgio et Vald

Ma bite et ma voix réunit 10 MCees dont le talent n’est plus à démontrer pour sept minutes d’exaltation rapologique. 11ème track de l’excellent L’Adultère est un jeu d’enfant de Missak, ce son est une sorte d’egotrip au pluriel, contrasté avec beaucoup de nonchalance. S’ils évoquent chacun leurs difficultés à vivre en société et leurs défauts de vrais bonhommes, les rappeurs sont pleinement conscients de la maîtrise de leur art. Entre cynisme et sincérité, Ma bite et ma voix reste un morceau à écouter sans modération.

8 – Welcome to the BT2 – Vicelow feat. Dany Dan, 3010, Sams, Disiz, Taïro & Dj Nelson

Voici le tragique destin d’une lourdissime production de SoFLY. Elle démarre sous les scratchs et les samples de Dj Nelson qui laissent déjà présager un grand danger. En starter charismatique, Dany Dan vient lui asséner les premiers coups avec l’efficacité qu’on lui connaît. 3010 prend le relais et vient torturer la pauvre instru avec un flow posé et résonnant, à la manière d’un psychopathe jouant calmement avec sa victime. Sam’s y rajoute sa patte agressive afin d’assommer cette dernière. Mais notre brave prod’ se relève tant bien que mal avec des nouveaux samples de classiques plein la tête. C’était sans compter l’arrivée de Disiz, « ex-La Peste, a.k.a Lex Luthor »,  qui vient lui donner un magistral coup de grâce, sans même donner l’impression de forcer. Vicelow, à l’origine de ce massacre organisé, se défoule un court temps sur le corps sans vie, et laisse Taïro effacer les traces sans pression avec sa touche reggae. Une tuerie dans les règles de l’art, réalisée sous vos oreilles par des professionnels.

7 – Boulimiques – Paco feat. Geul Blansh

https://soundcloud.com/les-impromptus/paco-boulimiques-feat-gueule

Si les invités de l’album de Paco s’énumèrent au compte-goutte, c’est surement que le Narvalow voulait faire reluire le vieil adage sur la qualité et la quantité. Avec Geul Blansh, le duo fait mouche en nous embarquant dans une métaphore alimentaire filée, nourrie par l’expérience de deux mecs qui ont la dalle au mic. En exploitant un champ lexical sans lourdeur et en nourrissant les oreilles des gourmets avec un régime riche en multi-syllabes, le binôme franco-suisse vous offre la recette d’un bon son gourmand et croquant, servi avec sa sauce au piano signée par le chef maison, Mani Deïz.

6 – Comme une balle de Georgio feat. Nekfeu

On vous a déjà présenté le projet collaboratif de la rockstar. S’il y a bien un morceau à retenir de cette mixtape, c’est le featuring avec Nekfeu. Cet homme, toujours technique à souhait, propre dans sa diction, percutant dans toutes ses punchlines, épaulé par le jeune du XVIIIème, nous sert un vrai condensé de violence verbale. Et quand on aperçoit Lino en fond pour soutenir la nouvelle vague, on est conquis.

« Dites à mes frères juifs d’être un peu moins susceptibles / Et dites aux autres qu’on pète la dentition des antisémites« 

5 – Le troupeau du Mer2crew avec Demi-Portion

Le sud attaque ! On ne présente plus Demi-Portion qui vient prêter main-forte au Mer2crew sur une prod’ au piano chantant. Le refrain aux tonalités reggae donne un cachet particulier à ce morceau que Rachid illumine d’un très bon couplet grâce à son flow si particulier. On aime.

4 – Autre gare, même train de Lucio Bukowski & Arm

Certains morceaux sont posés sur le papier sans réflexion préalable à en croire leurs auteurs, tout en parvenant à plonger l’auditeur dans un état de léthargie mêlant interrogation et introspection passagère. Passagère comme cette voix aux deux échos menant le voyage contemplatif sur le temps qui passe, égaré dans le compartiment d’une oeuvre « bukowskienne » qu’on ne présente plus. Autre gare, même train fait partie de ces titres qui ne s’oublient pas, un peu comme ces petits moments de bonheur « faisant lâcher l’armure » sur le quai de la vie à une époque où « silence et temps complotent et se sont conjurés« .

3 – Histoire de… Remix de Zekwé Ramos avec AlK, Nakk Mendosa, Black Brut, Dixon, Spri Noir Alpha Wann et Taipan

C’est l’histoire d’un featuring façon All-Stars, huit MC réunis autour d’un seul but : tabasser une prod au beat saccadé et aux nappes inquiétantes. En cercle autour d’un ghetto blaster, c’est comme ça qu’on les imagine, se passant la parole, se chambrant, se vantant, se lamentant, mais toujours avec du flow. Un featuring qui sonne comme les soirées hip-hop, où on rappe plus dehors que dedans, parfois même mieux. On teste ses nouvelles rimes, on se raconte les dernières histoires et surtout on kicke dur. Tout le rap qu’on aime.

2 – Mon Coin De Rue de Swift Guad Feat Deen Burbigo, A2H & Paco

Oui, c’est un featuring taillé pour la radio. Oui, la technique prime, le fond est absent, la forme est surabondante. Oui, ce sont des têtes d’affiches réunies dans le seul but de kicker salement. Et oui, on adhère, on adore. Quand l’impartialité du flow de Deen se confronte au ton nasillard de Paco, quand la voix matrixée d’A2H croise le mic avec le guttural Swift, on ne peut que valider.

« Mon rap vient pas de Marly-Gomont /Ça vient de paris pauvre con !« 

1 – Jeunes et Talentueux d’A2H feat 3010

A2H & 3010 superstars. Les mcs aux noms chiffrés ont soulevés l’album Art de Vivre avec cette track de haute volée. Une grosse patate au refrain implacable et une alchimie parfaite ont fait de ces deux jeunes très talentueux les numéros un naturels de ce classement. Nous savons d’avance que cette première place va être discutée mais ce morceau a tellement ambiancé notre année que nous avons fait le choix d’affirmer cette position. « Là pour froisser, laisser des cadavres » dit A2H dans le premier couplet. On espère que 2015 en sera jonchée.

Sélections Tops

Les 10 meilleurs albums de 2014

Encore une belle année qui se termine. 2014 aura été porteuse de très grands crus et de productions moins enivrantes. A la rédaction, on a choisi de célébrer les meilleures et c’est après deux bonnes semaines de pugilat que nous sommes arrivés à ce compromis que nous vous offrons. Ce top 10 est celui de la rédaction du site et il n’engage que nous. N’hésitez pas à commenter pour nous signaler ce qui manque à vos yeux. A l’année prochaine !

10 – A2H – Art de Vivre

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Dire qu’on a kiffé l’album de A2H relève presque de l’euphémisme. Entraînant, varié, cohérent, la démonstration de style du rappeur du 77 a été éblouissante. Les productions donnent toujours un petit grain west coast et les featurings élèvent la ride vers un autre niveau. Un véritable savoir faire qui a fait le tour des radios généralistes hexagonales et à raison.

Lire aussi : l’interview de A2H.

9 – Sameer Ahmad – Perdants Magnifiques

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La différence entre simplisme et simplicité. Voilà comment résumer en quelques mots l’album d’Ahmad. Arborant une esthétique minimaliste mais une beauté certaine, Perdants Magnifiques pioche dans des influences sonores diverses intimement liés au parcours du MC. Les beats sont lourds mais les compositions restent assez aérées. Elles permettent ainsi à Ahmad de balader son flow nonchalant de bout en bout de cet album solide. Entre name-dropping et humour noir, Ahmad affiche son amour de l’oxymore rondement menée. A l’image du bonhomme qui n’est finalement pas à une contradiction près. Cet album ne fera certainement pas l’unanimité. Le flow d’Ahmad sera terriblement brillant pour certains et ennuyeux pour d’autres. Mais il faudra pourtant s’y faire, la France a toujours aimé les perdants magnifiques.

8 – Paco – Paco-Errant

Paco - Paco Errant

Errer : Aller ça et là, sans but ni direction précise. Paco Errant se dirige pourtant sans hésitation dans notre top album 2014. Je me rappelle encore de la claque phénoménale que j’avais prise en 2012 à la découverte de Grande Gueule, premier extrait de l’album. Alors qu’on le pensait retraité du rap depuis A base de vers durs, le MC de Montreuil nous annonçait un gros retour en force, avec un flow toujours aussi singulier, mais mûri pour une technique encore plus aiguisée. Un projet avec Mani Deïz pour nous faire saliver entre temps, et voila la bombe lancée en Octobre. 21 morceaux (dont un caché), des productions envoûtantes, des featurings de grande qualité pour un banquet d’assonances, Paco ne s’est vraiment pas foutu de notre gueule. De son enfance jusqu’au statut de père de famille, il nous parle de son vécu, son écriture, ses galères, Paris, le monde du rap ou son penchant pour les psychotropes, avec des rimes soigneusement structurés autour d’une régularité rythmique qui font de lui un des maîtres de la multi-syllabique. C’est clair, net et précis, le narvalo nous a livré de la frappe cette année.

Lire aussi : la chronique de Paco-Errant.

7 – L’Asile – Oulan-Bator

L'Asile Oulan-Bator

La grosse surprise de l’année. Nous vous épargnerons les jeux de mots autour du nom du groupe pour aller directement à l’essentiel. L’Asile a signé l’un des meilleurs albums de l’année en proposant un contenu audacieux et inventif. Venu tout droit de Rennes, pas la ville la plus funky des alentours à priori, les six membres du crew nous ont gentiment collé une baffe qu’on n’attendait pas. Une vraie bonne galette bretonne.

Lire aussi : la chronique de Oulan-Bator.

6 – Fuzati & Orgasmic – Grand Siècle

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On l’avait attendu, le grand pessimiste Fuzati a fait son retour cette année, et ça a bousculé le rap. Accompagné d’Orgasmic, Dj pour TTC, Fuzati a tiré le portrait de ce Grand Siècle. Le résultat ? Des pamphlets alarmistes sur fond de kicks et de snares electro. Entre jeunesse hébétée et adultes formatés, tout le monde en prend pour son grade, même vous. Son flow nonchalant s’impose avec lourdeur sur les prods joviales d’Orgasmic, la fusion est paradoxale mais le charme est indéniable. Alors oui certains auditeurs semblaient dubitatifs à la sortie de l’album, mais il est de rigueur d’admettre qu’objectivement Grand Siècle est d’une grande qualité. Les artistes ont, une fois de plus, brisé les codes et on ne va pas les blâmer.

Lire aussi : la chronique de Grand Siècle.

5 – Katana – Le Fourreau

Katana - Mon Fourreau

Attendu au tournant, l’album de Katana l’était. Depuis le premier opus de l’Unité de Feu en 2006, de nombreux fans attendaient fébriles qu’enfin le MC à la plume aiguisée la sorte de son fourreau pour bastonner de sa voix cartoonesque les instrus du Gouffre. Au final, Le Fourreau se révèle un très bon album, cocktail de morceaux variés mais complémentaires, entre l’ambiance post-apocalyptique de Phase Terminale, le thème amoureux de Mon fourreau ou encore le galvanisant Cowabunga. Si les prods du Gouffre ne mettent pas tout le monde d’accord et que l’album souffrent de certains creux musicaux, elles ont le mérite de coller parfaitement à l’univers de Katana, naviguant ainsi de beats en beats avec une parfaite maîtrise de son flow et de sa voix si particulière.

4 – Swift Guad – La Chute Des Corps

Swift Guad - La Chute des Corps

Oh my Guad. On attendait le Swift nouveau bien plus que n’importe quelle cuvée de raisin écrasés. Et malgré les cris de protestation des partisans du c’était mieux avant, on n’a pu qu’être d’accord avec les gens qui parlaient de grand cru. Sa voix pierreuse a toujours ce côté bitumeux qui fait son charme indéniable. 55 minutes de grisaille poétique pour un album qui restera celui du palier passé.

Lire aussi : la chronique de La Chute Des Corps.

3 – Metek – Riski

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Unique. C’est le seul terme qui décrira correctement Riski de Metek. Plongé au coeur de l’intimité du rappeur, cet album est aux antipodes de la production habituelle de notre bon vieux rap français. Des beats électroniques, un sample allemand et beaucoup de textes poignants ont suffit au neveu de Jean-Jacques Goldman pour signer l’un des projets de l’année.

Lire aussi : la chronique de Riski et les 5 Films de Metek.

 2 – Lucio Bukowski & Nestor Kéa – L’Art Raffiné De L’Ecchymose

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Voici l’ultra-productif Lucio Bukowski en deuxième position. Accompagné par Nestor Kéa tout le long de l’opus, l’enfant canut est proche du chef d’œuvre. Dix coups de pinceau pour un tableau sanglant, dix coups de poing pour une ecchymose raffiné : voilà l’idée. Mélange d’esprit poétique et de bestialité musicale, L’art raffiné de l’ecchymose contient tout le caractère singulier d’une œuvre déjà mâture et conséquente. Voilà. Le musée est ouvert, la peinture est exposée. Il n’y a plus qu’à ouvrir les yeux et admirer. Chapeau l’artiste.

Lire aussi : la chronique de L’art Raffiné de L’Ecchymose.

1 – Asocial Club – Toute Entrée Est Définitive

asocial club

Forcément. Vous vous y attendiez sûrement. Personne n’a fait mieux que l’Asocial Club en cette année 2014. Douze titres et une heure deux minutes de tuerie maitrisée. La puissance de ces cinq entités distinctes réunies sous un seul nom pour tout péter n’a pas eu d’équivalent. Et c’est à la fin du disque qu’on a compris le titre. Toute Entrée est Définitive parce qu’une fois que vous y avez penché l’oreille, il est trop tard pour inverser la vapeur et revenir en arrière. Asocial Club a marqué l’an 14 de sa patte de fauve.

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