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Interviews Rappeurs

[Interview] Sopico : « J’essaye d’exprimer qu’il y a toujours une nécessité de revenir, tu ne peux pas renier tes racines »

Membre du DojoKlan, Sopico s’était fait connaître via le 32e John Doe (une série de freestyles anonymes, réalisée par la 75e Session) et une série de freestyles acoustiques. C’est à l’occasion de la sortie de son premier LP solo – entièrement produit par Sheldon – que nous les avons rencontré au Dojo, studio d’enregistrement et …

Découvertes Sélections

Mes 5 découvertes du mois #2

Il nous est arrivé de comparer le rap à un océan, mais en y repensant, ne serait-ce pas plutôt un immense espace enfoui sous des kilos de terres, de sables, et de goudrons ? Effectivement, les têtes d’affiches du rap sont paisiblement assises sur leur colline, scrutant chaque mouvement présent sur cette terre, de peur d’être délogées de leur trône. Notre mission est de balayer chaque parcelle de terre, quitte à sortir des sentiers battus, pour vous présenter le plus raffiné des trésors, à la manière de ce bon vieux Jones. Mettons de côté la métaphore et entrons dans le vif du sujet ; du rappeur populaire au rappeur à 400 vues sur youtube, du beatmakeur à l’accoutumé des open-mics, voici nos 5 découvertes du mois.

 

Twistba

plaisance twistba

« J’suis sur la lune, distraction passagère / Mais ma folie périodique n’est qu’une démence tout comme quand j’m’assagis / Juste besoin d’éclipser mon attitude de bas âge et / M’éclaircir les idées car j’suis lassé d’voir la masse agir »

Suffit-il de faire de la musique qui détonne pour faire de la bonne musique ? Twistba vous proférera que non. Jeune Mc’ de 18 ans, Twistba préfère exceller dans un rap qu’il maîtrise plutôt que de s’essayer, comme beaucoup, à un univers « prototype » erroné. Nous approuvons cette démarche tout comme nous approuvons son EP, Plaisance, où les fausses notes sont bien rares. Équilibre parfait entre l’introversion et l’extraversion, le projet traite avec brio d’une multitude de thèmes. De la découverte du rap à la découverte de la précieuse solitude, génératrice d’inspiration, nous décelons une partie des maux de l’artiste. Mais ne vous méprenez pas, Plaisance, comme son nom l’indique, n’est pas là pour tirer des larmes.

Une grande partie des instrus inciteraient à prononcer ce fameux « chill » et à s’évader peu à peu vers les contrées joviales du rap. L’écriture est à la fois complexe et simple : complexe car les schémas de rimes et les figures de styles sont très intéressants, mais simple car le message est clair et cohérent. De même, l’artiste alterne avec agilité entre rap francophone et anglophone, figure de style peu prosaïque pour un rappeur français. Un EP qui annonce donc un artiste très prometteur, à suivre de très près.

Népal

nepal 16 par 16

« L’entêtement c’est qu’des embêtements donc j’crée tempête / Sédentaire en même temps que j’entraîne leur démantèlement / L’instru j’la ouet en l’aimant tellement, élémentairement / J’parle pas d’ta reu-seu quand elle ment »

Népal, KLM, non vous n’êtes pas sur le site d’une agence touristique et non nous n’allons pas vous vendre de voyage, nous allons, comme prévu, vous parler d’un artiste. Népal, anciennement KLM, est un des « petits » derniers de la 75eSession et grand habitué de chez 2Fingz, qui a sorti son EP 16 Par 16 très récemment. Vous ne vous remettez pas son visage ? C’est normal, vous l’avez peut-être aperçu dans un ou deux Grünt ou dans quelques clips mais l’homme est constamment vêtu d’une capuche, camouflant son visage. Son projet est loin d’être innovant, certes, il le dit lui-même : pour lui c’est un recueil de textes posés sur des Faces B.

L’explication du titre n’a donc pas lieu d’être, vous l’aurez compris, ce projet est un enchaînement de 16, parfois sans cohérence justifiée. Mais chacun de ses vers est un coup de boutoir à la finesse, paradoxalement, très aiguisée. Chaque ligne est peuplée d’assonances et d’allitérations de telle sorte que son flow tranchant s’accommode parfaitement avec les instrus. Car oui, au vu des Faces B choisies, Népal a prouvé qu’il était à l’aise avec beaucoup de registres différents. C’est un des petits projets de cette année qui a eu le plus de succès. Dans une récente interview, il nous confiait qu’il avait été téléchargé plus de 3000 fois en une semaine.

 

Nusky x Vaati

lecce nusky vaati

« On s’en porte bien, restez-là j’ai encore faim / Nous on joue et les autres feintent / Le bif n’est pas dans les bonnes mains »

Eternels bornés, il était difficile pour nous d’admettre que le rap français n’avait pas besoin de son célèbre « piano/violon », « boom-bap » et de sujets « conscients », comme certains l’appellent, pour être de qualité. Mais Enfin ! Le rappeur Nusky, du groupe La Race Canine, et Vaati, beatmaker chez Kaïoshin, nous ont prouvé avec brio que nos préjugés étaient obsolètes. EP de 3 titres, Lecce, est une flânerie nocturne au parfum sucré, une confiserie sans colorant, quelque chose de pur. En effet, les deux artistes nous ont défini ce titre comme un « parallélisme entre la pureté du lait et la pureté de l’art ».

Et après réflexion, nous approuvons : le projet est servi en petite quantité mais la finesse du produit est inouïe. Le fond des textes n’est pas là pour pousser à la réflexion, il raconte les déboires comme le contentement quotidien des choses simples de la vie. On remarque cependant un texte technique avec des rimes consonantiques qui apportent une certaine originalité et une très bonne musicalité. Les prods sont inaccoutumées mais maitrisées, une sorte de fusion entre les atouts de la musique pop et du r’n’b avec les bases solides du rap. Nous retenons également l’ambiance générale du projet, de la mélancolie à la joie, il nous transporte d’une émotion à une autre, le tout en douceur.

 

Naïad

naiad soul food

« L’école m’a appris qu’un plus un égale deux, que nos racines sont carrées et qu’on ne peut diviser le zéro / La rue m’a appris qu’on peut diviser les heureux mais peu importe l’heure on peut diviser les euros »

Composé des deux rappeurs Nostal et Tonio MC, accompagnés de leurs musiciens Louis Angeles à la guitare, Aurel Lion à la basse Pierre Stonar à la trompette et Paul Luciani aux machines, Naïad est un groupe parisien que nous avions déjà découvert en 2011 sur l’Affaire Vol 1, projet réunissant divers artistes rap, talentueux. Ces derniers avaient sorti, par la suite, un projet nommé Poètes du Béton, en 2012. Album parisien dans toute sa splendeur, aux odeurs de goudrons et de spleen, qui s’avérait être d’une grande qualité. Cette année Soul Food, album de 14 titres, sort en collaboration avec le beatmakeur Nat Powers et les vertus musicales du groupe ne se sont pas estompées. Album bien plus éclectique que le précédent, il se démarque de la scène actuelle, parfois redondante, avec des instrus plus souls et positives.

Les thèmes abordés tournent moins en rond, les artistes ont pris du recul et arrivent à évoquer des sujets différents. De nombreux anglophones sont invités sur Soul Food, de l’américain Nieve, à l’anglais Apocraphe, avec son flow très atypique, en passant par Lady Paradox qui s’insère parfaitement dans l’ambiance soul de l’album. Une fois de plus, le groupe ne commet pas de bémol, Nostal est toujours aussi technique et Tonio Mc n’a pas mis au placard sa verve inégalable.

 

  Sheldon

frequences sombres sheldon

« Ça commence toujours comme ça, c’est comme avaler d’travers / C’est un peu désagréable mais ça passe après l’averse / Nan, t’auras pas la clé d’ma haine / Tu vas parler népalais si mes balafrés s’ramènent »

On termine nos découvertes avec Sheldon aka « l’homme banal », membre également de la 75e Session. Un peu déçus de sa prestation lors du Grünt 18 dédié à son collectif, nous étions peu pressés d’écouter son EP Fréquences Sombres. Et bien l’erreur est humaine car oui, la gifle envoyée par ce projet en ferait trembler notre ami Claude Pinoteau. Accompagné de Walter du Val Mobb, Keroué du Fixpen Sill, Sanka de la 75e Session et Zeurti (Zeu) du Panama Bende, l’artiste défend honorablement son titre de rappeur.

Sheldon laisse ondoyer une atmosphère pesante avec des textes cafardeux, accompagnés de beats et de mélodies sinistres qui nous tirent la main vers l’abime de l’introversion. Derrière cela, se cache une œuvre profonde, une sorte de désarroi camusien explicité par du storytelling lugubre et des pamphlets acrimonieux. Pour combler le tout, le flow utilisé est parfois apathique, ce qui rend la portée des phases encore plus déroutante. Cet Homme Banal a également sorti un EP instrumental, Innsmouth, sur le même ton macabre. En bref, on vous conseille vivement d’écouter ces deux projets, qui ne vous laisseront pas de marbre.

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