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[Chronique] Taipan, dans le mille.

Il y a des œuvres qui méritent d’être appréciées plusieurs fois afin de l’être à leur juste valeur. On finit toujours par trouver des choses qui avaient échappées au premier abord. L’album de Taipan est de ce tonneau, sa densité textuelle en fait une pièce à savourer. En voici notre éclairage.

Ceux qui connaissent Taipan savent qu’il manie à merveille un certain humour, disons provocateur. Souvent borderline mais toujours caustique, il réussit au fil des lignes la prouesse d’être pertinent en restant au second degré. C’est pourquoi à l’écoute, vous vous surprendrez à hocher la tête en disant pour vous-même : c’est pas faux. Le tout avec un large sourire. Car il ne faut pas oublier qu’il y a la notion de fun dans la devise du hip-hop. Et l’homme de Lorraine semble bien prendre du plaisir derrière son micro. Du plaisir à frapper le beat avec ardeur parfois (Cash-Cash) mais aussi à disséminer des références qui vont sonner comme un petit défi pour les cerveaux experts de chez RapGenius (Lâchez Votre « Comme »).

D’ailleurs, ceux-ci vont sûrement passer du temps sur les textes tant ils sont parfois ingénieux. Une référence à Kubrick par-ci, des twists finaux à la M. Night Shyamalan (Il Fallait Que Ça Sorte) par-là, Taipan balade l’auditeur à sa guise dans son univers. Ah, la fameuse redondance du mot « univers » pour décrire un artiste qui a un style particulier. Aussi éculée soit-elle, cette définition correspond parfaitement à cet album. Il évolue dans sa propre matrice, loin, très loin de rapper pour la tendance. En témoigne le choix des refrains assez réussis qui touchent au but sans être entêtants.

Et puisque l’on parle des textes, il faut souligner la qualité de la plume. On a pu lire que Court-Circuit était un « dictionnaire à punchlines« . C’est faux, Taipan est au-delà de cette vulgaire course à la phrase coup de poing, qui devient d’ailleurs ridicule. L’écriture est fluide et tous les morceaux sont à l’avenant, il serait alors contre-productif de sortir un élément de son contexte, aussi brillant soit-il. Nous ne pouvons que vous conseiller d’écouter plusieurs fois attentivement cette production afin d’en apprécier tous les mystères.

Voilà, la rédaction est dithyrambique au sujet de ce projet. Agréable et rafraichissant, il nous a énormément satisfait. Il fera sûrement grincer beaucoup de mâchoires mais d’autres s’ouvriront dans un très grand sourire. Nous ne serions d’ailleurs pas surpris de voir Taipan trouver un large public en dehors de la sphère du rap français. Pour finir, saviez-vous que le taipan est l’un des serpents le plus dangereux du monde ? Prenez donc bien garde à son venin. Il est contagieux.

À proposStéphane Fortems

Dictateur en chef de toute cette folie. Amateur de bon et de mauvais rap. Élu meilleur rédacteur en chef de l'année 2014 selon un panel représentatif de deux personnes.

1 commentaire

  1. C’est assez incroyable, mais je trouve que cet article s’appliquerait parfaitement à son premier album  » Je Vous Aime » : beaucoup de ce qui est écrit, je me le suis dit à l’époque en écoutant/réecoutant cet album exceptionnel.

    Pour autant, j’avoue être un peu déçu de ce nouvel opus, je le trouve moins profond que son prédécesseur.

    Big up!

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